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Le contre-exemple des Jeunes loups

Les jeunes loups, saison 2 Photo: TVA

«Réjean, c’est Réjean»

C’est ce qu’on entendait dans la bouche des chroniqueurs et des critiques après les visionnements de presse et le dévoilement aux médias de la deuxième saison de la série Les jeunes loups.

On parlait aussi d’une deuxième mouture plus réaliste, plus actuelle, moins fantaisiste par rapport à son époque.

C’était un beau discours, de belles promesses, mais il y avait toujours un bémol.

«Réjean, c’est Réjean»

Une absolution presque inconditionnelle pour le créateur rétrograde. Une confirmation des limites de la série. Un peu l’équivalent de dire «Je ne suis pas raciste, mais…» avant de lancer une tirade grossièrement raciste en ondes (ou ailleurs).

C’est là le problème des Jeunes loups. Au-delà du fait que la série existe dans un univers parallèle où les journalistes reçoivent des langues coupées dans un bocal et où les stagiaires africaines écrivent leurs articles à la mine et regardent les ordinateurs comme des inventions extra-terrestres, il y a cette triste réalisation que la télévision se décide encore entre hommes et que la notoriété d’antan d’un Réjean Tremblay suffit à le mettre en ondes – indépendamment du résultat de la production.

On peut apprécier Les jeunes loups comme un plaisir coupable, une télévision d’un autre temps, mais peut-on vraiment justifier la proposition sans admettre qu’il y a un problème dans l’allocation des budgets d’une chaîne comme TVA quand Réjean Tremblay reçoit, encore à ce jour, un chèque en blanc pour offrir aux gens une série sexiste et limite raciste?

Les raccourcis de l’intrigue et le non-réalisme des personnages, on peut vivre avec. À la limite, ça ferait de la télé divertissante. Mais le discours où l’homme blanc domine tout, à peine dissimulé, est-ce acceptable?

Oui, le journal fictif de l’univers de Tremblay appartient à deux femmes, mais sont-elles aux commandes de l’aventure? Pas vraiment. Le vétéran journaliste interprété par Luc Picard mène la barque, que ce soit par sa présence ou par le fait que la propriétaire du journal est amoureuse de lui (évidemment).

«Réjean, c’est Réjean», pour moi, c’est le cœur du problème. Il n’y a pas si longtemps, on entendait aussi dans la sphère sportive que «Marcel, c’est Marcel».

Sans faire de lien direct entre les deux, je peux difficilement entendre «Réjean, c’est Réjean» comme une proposition positive, voire utile.

Les jeunes loups existent à la télévision pour nous rappeler ce que l’on ne devrait plus faire. La société n’est plus au même endroit qu’en 1985. Réjean Tremblay est Réjean Tremblay pour nous rappeler qu’il n’y en a pas deux comme lui – et on espère que le nom Réjean ne sera pas à la mode chez nos créateurs de demain.

«Réjean, c’est Réjean» – oui, mais ça finit quand?

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