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Les galas à la télé, kossa donne?

Host Chris Rock speaks at the Oscars on Sunday, Feb. 28, 2016, at the Dolby Theatre in Los Angeles. (Photo by Chris Pizzello/Invision/AP) Photo: Chris Pizzello/The Associated Press

Étiez-vous devant votre écran pour la cérémonie des Oscars dimanche soir?

Ceci n’est pas une question piège. La curiosité est réelle autour de ce mythique gala et nous sommes heureux de voir les lauréats. Par contre, qui en 2016 peut se permettre d’investir quatre heures pour voir en direct une liste de gagnants disponible partout sur le net trente secondes après la présentation de la soirée?

Quatre interminables heures de gala pour souffler un peu avant minuit que Leo a «enfin» son Oscar.

Kossa donne?

Quatre heures, c’est deux fois plus de temps que la très grande majorité des films en nominations. Aucun film de plus de trois heures (ou presque) ne se faufile jusqu’à nos salles sans recevoir une coupe drastique dans sa durée ou sans être divisé en deux parties. Kill Bill, malgré la notoriété de Tarantino, n’y avait pas échappé à l’époque.

À une période plus précaire financièrement, pourquoi toute cette extravagance télévisuelle? Aux États-Unis, le problème existe moins qu’ici. L’industrie est en santé, même si elle n’est pas très diversifiée. Au Québec, avec la polémique entourant le Gala du cinéma québécois entre autres, la situation est bien différente.

On pourrait facilement vivre sans les galas télévisés. La reconnaissance pour l’artiste ne serait pas moindre, on pourrait encore montrer les statuettes sur les affiches promotionnelles et la petite tape dans le dos de l’industrie serait encore très tangible – mais loin de nos écrans.

On s’éviterait l’angoisse de l’animation beige, les prestations inégales, les longueurs et tout le reste. Tout le lustre d’un trophée, sans le poids.

Quatre heures d’Oscars, sans compter le tapis rouge, c’est limite de la torture. Ce n’est pas comme si on offrait du temps au créateur pour s’exprimer, la Chevauchée des Walkyries se faisait entendre après quelques secondes pour les inviter à quitter la scène.

Récompenser les créateurs sans leur donner la parole, kossa donne?

Quatre éternelles heures et des remerciements qui défilent au bas de l’écran quand le lauréat se dirige vers la scène. L’Académie nous dit par la bande qu’elle manquait de temps pour laisser les artistes s’exprimer. Quatre heures, visiblement, ce n’est pas assez.

J’ai eu le temps de visionner un film en nomination (Room) quand la soirée débutait et j’ai quand même vu les principaux gagnants de la soirée en syntonisant autour de 22h30 sur CTV. Avec Twitter en mains, je n’ai rien manqué de la soirée et j’ai même eu le luxe de voir un film au lieu d’une longue bande-annonce de quatre heures.

On aime les trophées, les robes et tout le décorum autour, j’imagine, mais la formule est de plus en plus anachronique. On vit à l’ère de l’instantané, de l’efficace, du punché. Une soirée comme les Oscars, c’est tout l’inverse. C’est une vieille façon de faire pour récompenser une industrie que l’on somme de se rajeunir, de s’ouvrir à la différence et au monde autour.

Bref, ça ne marche pas quatre heures de gala. J’ai un malaise et je parle à peine du contenu, sauf l’utilisation mal avisée de Fight The Power de Public Enemy durant le générique pour envoyer le public au dodo.

Fight The Power, vraiment?

#WhiteWashing

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