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Un gala du cinéma québécois, pour qui?

Photo: Mario Beauregard/Métro

J’étais devant mon téléviseur pour le Gala du cinéma québécois dimanche soir, pouvez-vous en dire autant?

La grande fête de notre cinéma voulait laisser derrière elle le scandale Jutra et faire un pas en avant sous le thème de l’unité, de la communauté, d’une grande famille heureuse et en santé.

Mais j’ai une petite question ce matin : elle était où cette belle et grande famille unie? Certainement pas au Monument-National pour le gala, parce qu’à part la poignée de représentants pour les films sélectionnés, il n’y avait pas foule.

Au-delà des nombreux gags maladroits sur la présence de nouveaux visages par les deux animateurs, l’absence de plusieurs de nos artisans était remarquable pour ce gala de «réconciliation» avec notre cinématographie.

J’ai lu et entendu de la grogne de la part de certains créateurs, d’autres ont fait des sorties par rapport à la réception de leur film. Sans nommer personne, il y a une cassure entre nos créateurs et l’industrie qui, supposément, célèbre leurs œuvres.

Pourquoi?

Pourtant, hier, il y avait de beaux hommages. Enfin une femme (Léa Pool)  est repartie avec le trophée du meilleur film. Ce n’était pas son meilleur, loin de là, mais mieux vaut tard que jamais. Gilbert Sicotte est aussi reparti avec l’honneur que tout le monde lui octroyait en sortant de la salle après Paul à Québec, moi le premier même si mon appréciation du film n’était pas optimale. C’était pleinement mérité, et pourtant, il y a une certaine amertume après ce gala.

Je ne veux rien enlever aux lauréats ni à la pertinence de leur remettre des prix. Par contre, je cherche un peu la pertinence du gala lui-même. Deux heures de télévision, c’est peut-être déjà trop, même si c’est beaucoup moins long que d’autres galas du genre.

Je soulignais aussi le manque de cohérence de la célébration. Au lieu d’entourer le gala d’un tapis rouge avant et d’un party après, pourquoi pas présenter des films? Radio-Canada présentait l’excellent Le Vendeur dimanche … à minuit. Qui plus est, le film a commencé en retard en raison d’une rediffusion d’Infoman. Même en l’enregistrant, par exemple, un cinéphile ratait la fin d’une autre sublime performance de Gilbert Sicotte.

Ça, personne ou presque ne le souligne parce qu’on peut fêter le cinéma, on peut réclamer plus de sous en subvention, mais on ne peut pas remettre en question l’absence de nos films sur nos écrans. C’est un peu tabou, parce que ça pointe vers le public ET les diffuseurs et ça, c’est pas une bonne façon de faire des affaires au Québec.

Évidemment, Le mirage et La guerre des tuques 3D seront à la télé plus tôt que tard et sûrement pas en diffusion nocturne. Les autres de notre cuvée – bonne chance pour les trouver.

Ma question ne sera certainement pas populaire, mais elle était pour qui cette fête du cinéma québécois?

J’aime notre cinéma, je l’encourage comme je peux en visionnant des films dans des salles presque vides ou en achetant des DVDs trop chers, à aucun moment hier je me suis senti interpellé par cette fête. Aucun.

Je n’étais certainement pas le seul.

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