Et si Jean-François Lisée gagnait

Parti Quebecois leadership candidate Jean-Francois Lisee speaks during a leadership debate in Montreal, Sunday, September 25, 2016. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes/La Presse canadienne

C’est une semaine décisive pour les péquistes qui éliront leur neuvième chef. Dans cette course à la chefferie, la filière identitaire est en passe d’imposer Jean-François Lisée, celui qui a décidé de bâtir son sacre sur le dos des immigrants et des minorités religieuses, dans une province où la jeunesse boude la souveraineté et les questions identitaires. Si ce n’est pas hypothéquer l’avenir, alors?

Dans cette course, ce ne sont pas les débats sur l’immigration et la laïcité qui sont en cause, mais le fait qu’ils soient tronqués par Jean-François Lisée. Sur le dossier de l’immigration, ses propos faussent insidieusement les réalités, notamment quand il lance sans nuances que l’immigration n’avait qu’un effet marginal sur notre économie. Le citoyen lambda n’a pas le temps nécessaire pour analyser cette information, ni de la mettre à l’épreuve. Donc, si Jean-François Lisée l’a certifiée, c’est qu’elle est vraie!

Pourtant, la littérature économique est très incertaine à ce sujet! Encore plus, le stratège Lisée ne prend pas le soin de rappeler que la plupart de nos immigrants maîtrisent le français, sont plus éduqués et disposent d’un niveau de scolarité plus élevé que leurs concitoyens dits de souche, mais ils continuent à être victimes de discrimination sur le marché du travail québécois, particulièrement chez les femmes, comme l’a rappelé une récente étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Pire, avec sa proposition farfelue sur la possibilité d’interdire la burqa dans l’espace public pour des raisons de sécurité, Jean-François Lisée incruste dans l’imaginaire de plusieurs que ces mêmes immigrants ne veulent pas adhérer à nos valeurs, nous imposent les leurs et mettent en danger notre sécurité! Cette sortie hasardeuse a d’ailleurs valu au député de Rosemont un tollé de partout! Mais le mal est fait.

Aspirer au titre de chef du PQ, c’est une lourde responsabilité, car le PQ n’est ni le PLQ, ni la CAQ. Devenir chef du PQ, c’est prendre la tête du seul grand parti de notre province qui non seulement veut faire du Québec un pays, mais aussi qui défend les valeurs progressistes qui ont fait du Québec ce qu’il est aujourd’hui. Or, on ne sent pas ce souci de responsabilité chez Jean-François Lisée, un stratège qui suscite de fausses craintes et crée de faux espoirs juste pour gagner!

S’il devient chef du PQ, pour espérer battre les libéraux, Jean-François Lisée devra faire les yeux doux aux caquistes. Il va donc indéniablement radicaliser son discours identitaire. Le Québec aura alors, en 2018, une course féroce à la primature sur le dos des immigrants et des minorités religieuses du Québec pire que celle de 2014!

Et s’il devient premier ministre du Québec, pour espérer faire du Québec un pays, Jean-François Lisée devra faire les yeux doux à tous les Québécois, notamment au vote grandissant de ses immigrants et minorités religieuses. Mais ces derniers sauront-ils oublier qu’il a bâti son pouvoir sur leur dos? Quelle est notre devise au Québec? «Je me souviens!»

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