Merci Charlie Hebdo

Photo: Muhammed Muheisen/Associated Press

Faut-il dire merci à Charlie Hebdo? En publiant des caricatures perçues comme une incitation à la haine envers plus d’un milliard et demi d’humains, le journal satirique français n’a-t-il pas déclenché un débat salvateur chez les musulmans?

Dans la foulée de cette affaire du navet islamophobe, la publication des caricatures de Charlie Hebdo a invité plusieurs musulmans à entamer leur tournant critique dans la douleur et la colère. Les musulmans savent désormais qu’ils sont acculés à défendre leur croyance dans un contexte de démocratie libérale. Autrement dit, ils doivent partager pacifiquement la planète terre avec cinq autres milliards d’humains non musulmans.

En effet, alors que certains s’attendaient à la destruction du monde musulman, à tort ou à raison, c’est selon, la tournure des événements nous a démontré le contraire.

Certes, une flambée de violence a atteint des sommets funestes dans certaines contrées musulmanes. Mais, faut-il le répéter, la plupart de ces pays se trouvent être les plus pauvres, les plus sous-développés du monde, où l’analphabétisme est généralisé comme en Afghanistan, dans les régions tribales du Pakistan et au Yémen.

Les plus sceptiques diront et l’Égypte? Et la Libye? Et la Tunisie? D’accord. Mais il ne faut pas oublier que ces trois pays sortent d’une année de rébellion terrible et meurtrière pour chasser des dictatures abominables. Là-bas, l’État se construit quotidiennement dans la fragilité d’un désordre qui s’ordonne petit à petit.

Et pourtant, à Benghazi, en Libye, des centaines de protestataires ont chassé de leur quartier général les salafistes d’Ansar al-Charia, soupçonnés d’être derrière l’attaque meurtrière du consulat américain.

En Tunisie, Rached Ghannouchi le chef du parti islamiste Ennahdha a fait une sortie en règle contre les salafistes. Il les a accusés d’être une menace pour son parti, les libertés et la sécurité dans son pays.

En Égypte, le président Mohamed Morsi a contré les salafistes. Il a même estimé que son pays et les États-Unis étaient de «vrais amis». Qui l’aurait cru?

Malgré cela, les pessimistes argueront que c’est de la poudre aux yeux. Les musulmans ont, d’ailleurs, sommé l’ONU à criminaliser le blasphème. Ne faut-il pas y voir, plutôt, un discours d’apaisement dirigé surtout envers leur population pour démontrer que des demandes concrètes ont été formulées au concert des nations? Car, entre vous et moi, la marge de manœuvre de l’ONU est presque nulle dans ce dossier! Alors, arrêtez de grimper aux rideaux et de déchirer vos chemises sur la place publique.

Dans mon optimisme, je rejoins la prophétie du fondateur du groupe Jeune Afrique Béchir Ben Yahmed. Un an avant le printemps arabe, il a prédit que le monde allait assister à une grande et vraie révolution de l’islam. À ce rythme, les musulmans sauront faire correspondre les valeurs du progrès avec l’esprit de leur religion dans un avenir très proche! L’histoire tranchera!

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