Vous avez dit liberté de la femme?

Pour plusieurs de nos chroniqueurs vedettes et personnalités populaires, le débat est passé du droit au port du voile à l’insulte des musulmanes avec banalité.

Selon eux, même si une femme revendique son droit de porter le voile en toute liberté, elle a tort, parce que, paraît-il, elle est victime du lavage de cerveau en règle d’une religion et d’une culture rétrogrades. Bienvenue à la hiérarchisation des civilisations!

Conditionnée de la sorte, cette musulmane serait l’esclave de son éducation. Autrement dit, il suffit qu’elle renie son islam pour qu’elle soit à l’abri d’une conception inégalitaire des rapports entre les sexes.

À force d’être les otages de la publicité mensongère, de la télévision poubelle, du cinéma de bas étage et des magazines de pacotille, combien de femmes affichent tous les signes extérieurs de l’émancipation sont vraiment libres?

Combien de femmes se font rafistoler sous le bistouri des cliniques de chirurgie esthétique librement et non pas pour plaire à leur «homme» ou répondre au dictat du culte du corps?

Combien de femmes se donnent volontairement à la pratique de la danse nue dans les bars ou à la prostitution dans des hôtels de luxe?

Combien de femmes sont victimes de la traite des blanches par la mafia et les autres groupes criminels en plein centre-ville de Mont­réal, au vu et au su de tous?

Même là, a-t-on pour autant le droit d’interdire à ces femmes de faire ce qu’elles «veulent» de leur corps? Bien sûr que non.

Dans une démocratie libérale comme la nôtre, on a un véritable arsenal juridique pour lutter contre la criminalité et protéger la liberté de la femme. Le service canadien de renseignement, la GRC, la SQ et les services de police de nos villes veillent sur le respect de la dignité humaine sous la houlette d’une magistrature indépendante, surveillée elle-même par nos parlements élus démocratiquement et nos médias «indépendants». Laissons nos polices traquer les criminels, les intégristes religieux, comme la mafia.

L’autre bataille de la liberté se gagnera surtout à l’école publique par un enseignement adéquat de la laïcité et de la diversité. Elle se gagnera aussi par une politique volontariste de promotion de la culture et de lutte contre l’analphabétisme de nos adultes.

Le siècle dernier, en traitant de la liberté de l’homme à agir, penser et réagir par lui-même, l’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre l’a bien résumé : «L’important, ce n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous-mêmes nous faisons de ce qu’on a fait de nous.»

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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