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Salle des nouvelles, une émission incontournable

Photo: Melissa Moseley

Salle des nouvelles (The Newsroom), une série américaine dont l’action se passe dans la salle de rédaction d’une chaîne de nouvelles, débarque enfin à Télé-Québec. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de la voir auparavant, il ne faut pas la rater sous aucun prétexte.

À elle seule, la scène d’ouverture marque le public à vie. Will McAvoy, un chef d’antenne magnifiquement interprété par Jeff Daniels, se lance dans une diatribe contre son pays, les États-Unis d’Amérique. Du jamais vu!

Dans un campus, en réponse à la question d’une jeune étudiante sur ce qui fait des États-Unis le plus grand pays du monde, Will McAvoy pète les plombs. Il taille en pièces la dérive américaine:

«Il n’y a absolument aucune preuve qui atteste que les États-Unis sont le plus grand pays du monde. Nous sommes 7e en ce qui concerne le taux d’alphabétisation, 27e en maths, 22e en sciences, 49e dans le palmarès de l’espérance de vie et 178e dans celui de la mortalité infantile, 4e en force de travail, 3e en revenu médian des ménages et 4e en exploitation.

Nous sommes premiers dans seulement trois catégories: la proportion de citoyens incarcérés par habitant, le nombre d’adultes qui croient aux anges et les dépenses militaires qui sont plus élevées que celles des 26 pays suivants cumulés, dont 25 sont nos alliés. Alors, bien sûr, rien de tout ça n’est la faute d’une étudiante en journalisme, mais ça montre malgré tout d’une manière flagrante que tu fais partie de la pire génération qui a jamais vu le jour dans toute l’histoire de ce pays. Si tu me demandes ce qui fait des États-Unis le plus grand pays du monde, la question est tellement conne que je n’ai aucune réponse.»

Après un long silence, Will McAvoy conclut: «On l’a été autrefois. On luttait pour des causes justes. On a voté des lois pour défendre nos valeurs. On en a abrogées d’autres contraires à ces mêmes valeurs. On menait des guerres contre la pauvreté pas contre les pauvres. On n’hésitait pas à se sacrifier, à épauler nos voisins. On joignait le geste à la parole et on ne se montrait jamais orgueilleux.

On a bâti de grandes et belles choses, inventé des technologies que personne n’aurait cru concevables. On a exploré l’univers, guéri des maladies incurables, donné naissance aux plus grands artistes et à la plus grande puissance économique du monde.

Notre ambition nous donnait des ailes. On agissait en homme, on cultivait notre intelligence, on ne rabaissait pas celle des autres de peur de nous sentir inférieurs. On n’était pas définis par la personne pour qui on avait voté aux élections précédentes, mais on n’avait pas aussi peur.

On était capables d’être et de faire toutes ces choses, parce qu’on était informés par de grands hommes, des hommes respectés.

La première étape dans la résolution d’un problème est de reconnaître qu’il y en a un. Qu’on le veuille ou non, les États-Unis ne sont plus le plus grand pays du monde.»

Cette série américaine tombe à point dans notre Québec d’aujourd’hui. La campagne électorale en cours nous montre à quel point notre démocratie ne tient qu’à un fil. Nous sommes devenus la cible de faiseurs d’opinions et de stratèges politiques qui nous bombardent de fausses informations.

Parce que les médias sont devenus otages des cotes d’écoute et de la publicité, Salle des nouvelles nous entraîne dans les entrailles du quotidien d’un téléjournal. Elle ne cessera de nous rappeler que dans une démocratie, il n’y a rien de plus vital qu’un électorat bien informé.

De fausses informations nuisent au vrai débat digne d’une grande nation démocratique.

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