Êtes-vous prêts à mourir pour la liberté?

Je suis gêné de nous voir chialer après une trentaine de jours de campagne électorale, certes sale, car ailleurs, des gens meurent pour voter.

Sommes-nous prêts à mourir pour défendre notre mode vie? Cette question me hante depuis la lecture d’un entretien réalisé par Christian Makarian pour le magazine L’Express, fin 2011. Au détour de ses réponses, Henry Laurens, historien français d’une renommée immense, a lancé au journaliste: «En Occident, nous ne sommes plus prêt à mourir pour la liberté. Les jeunes Tunisiens ou Égyptiens, si».

Dans cette interview, l’éminent historien a expliqué que «ceux qui vivent actuellement dans le progrès sont les pays arabes; ils accomplissent une révolution de la liberté. S’il y a un continent déphasé, c’est bien l’Europe, et ce, indépendamment de la crise économique et financière.»

Pour Henry Laurens, on avait pris l’habitude de dire que les Arabes vivaient hors de la modernité. Aujourd’hui, c’est l’inverse. «La montée de l’islamophobie, même si elle prend appui sur des problèmes réels et concrets qu’il ne faut pas nier, caractérise désormais tout notre continent», a-t-il admis, avant d’ajouter: «Si nous recensons les valeurs que nous avons historiquement portées — liberté, égalité, fraternité, droits de l’homme —, force est de constater qu’elles sont aujourd’hui mises en avant par le printemps arabe plus que par nous.»

Plusieurs analystes occidentaux l’attestent, notre phobie des musulmans nous obstrue la vue. Même en Afghanistan, la terre de la burqa et des talibans, nous voyons émerger un «schéma mental» qui se rapproche de l’individu européen.

Dans un pays qui n’a connu que la guerre depuis plus de 30 ans et malgré la menace talibane, de Kaboul à Kandahar, les Afghans ont voté en grand nombre, notamment les femmes, sans incident majeur, pour désigner leur nouveau président.

Dans un avenir proche, l’espace démocratique ne sera plus notre seul apanage. 

Pourtant, en Occident, et donc au Québec, on ne parle de cette «musulmanie» qu’en termes d’islamistes sanguinaires. Or, dans cette contrée qui nous fait tellement peur jusqu’à l’allergie, le pluralisme, la diversité, le débat et la compétition politique sont en train de l’emporter sur l’obscurantisme et l’intégrisme.

Faut-il rappeler comment les islamistes aux pouvoirs au Maroc et en Tunisie ont réagi au réel de la chose publique pour la première fois? Pour lutter contre le chômage, créer de la richesse et trouver des tonnes de solutions à une réalité économique désastreuse, ils se sont ajustés!

Face à l’épreuve du pouvoir, les islamistes ont fini par mettre de l’eau dans leur thé pour accepter les alliances et les compromissions.

Dieu n’a rien à avoir avec la crise. C’est une affaire entre les humains! L’admettre, c’est la première marche vers la modernité.

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