Je me souviens

Mes chères filles,

En 2002, j’ai quitté le Maroc. Je n’ai pas fui un despote, la misère ou la guerre. J’ai fui la dictature de la majorité. Que c’est amer de se réveiller un jour dans un pays où la majorité vous dicte qui croire, quoi mettre, manger ou faire!

J’étais désabusé, et le Québec m’a attiré. Une contrée francophone, éprise de démocratie libérale et qui me courtise! C’était ma chance de refaire ma vie. Le jour de mon grand départ, j’ai arraché mon cœur sur le perron de la maison de ma mère, votre grand-mère. J’ai tout quitté.

Mon arrivée à Montréal a été euphorique. Hélas, le froid, les conseils empoisonnés de mes semblables, le marché de l’emploi hermétique et les regards soupçonneux m’ont démoli. Je me sentais comme un aliéné catapulté à poil au milieu de la foule sur la rue Sainte-Catherine. Heureusement, j’ai aussi rencontré des Québécois qui m’ont tendu la main. Rapidement, je me suis ressaisi.

Quelques semaines après mon arrivée, j’ai renoué avec le succès.

Ce fut un répit de courte durée. Comme spécialiste de l’immigration, j’ai replongé dans les tranchées de l’intégration. Dès le milieu des années 2000, j’ai été témoin de la montée de la phobie envers mes semblables. Un certain Mario Dumont, chef de l’ADQ, un parti marginal, a su surfer magistralement sur la vague de la peur des minorités ressentie par la majorité.

Mario Dumont a été à deux doigts de gagner le scrutin de 2007. Dans la foulée, le Parti québécois a failli disparaître. Ses partisans ont été ébranlés. Alors, une frange conservatrice et radicale a pris d’assaut ce parti souverainiste. Ces intellectuels, hommes fortunés et stratèges politiques vicieux ont transformé un parti social-démocrate en une machine de guerre identitaire.

La souveraineté n’ayant plus la cote chez les Québécois, les nouveaux cerveaux du PQ ont échafaudé un plan diabolique. Ils ont repris l’idée de Mario Dumont. Sur l’autel d’un pays, ils ont jeté en pâture les minorités.

La charte de la laïcité a vu le jour sur la base de fabulations. Grâce à la fausse propagande, les nouveaux péquistes ont instrumentalisé l’interdiction du port des signes religieux dans la fonction publique. Ils visaient un choc frontal avec Ottawa, le tremplin vers un référendum gagnant.

Ne l’oubliez jamais et rappelez-le comme un legs à tous mes descendants : la souveraineté n’est pas en cause. Les apprentis sorciers coupables de cette infamie qui a perverti le parti de René Lévesque ont pour nom Pauline Marois, Bernard Drainville et Jean-François Lisée.

Mes filles, soyez fières d’être Québécoises et des origines de vos parents. Défendez ardemment le français, la laïcité, l’égalité hommes-femmes et protégez les droits des minorités.

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