C’est de là qu’on vient

Visionner Nation : huis clos avec Lucien Bouchard, le documentaire du réalisateur Carl Leblanc, diffusé par Télé-Québec, m’a plongé dans mes souvenirs des 13 dernières années.

D’abord, cette belle journée de juin 2001. Ce jour-là, dans un chic palace de la capitale de ma planète d’origine, j’ai subi un interrogatoire en règle d’une agente d’Immigration Québec. Mais j’étais prêt et j’ai décroché haut la main mon Certificat de sélection du Québec (CSQ).

Six mois après, j’ai obtenu mon visa d’immigrant reçu. Tout au long de mon parcours de sélection avec les agents de l’immigration, ma demande a été traitée avec clarté et respect. Je suis tombé en amour avec cette administration.

Moins d’un an après mon CSQ, j’ai foulé le sol de Montréal. Après l’euphorie de l’arrivée, j’ai vite déchanté. Le froid, l’accueil glacial et l’accumulation d’échecs abracadabrants m’ont démoralisé. Ma société d’accueil semblait indifférente à mon sort.

Ce printemps-là, grâce à la radio, je suis tombé en amour avec le Canadien de Montréal. Dans mon semi-sous-sol pourri, je me suis accroché à des histoires positives des Glorieux, notamment la rémission d’un cancer de leur capitaine et l’éclosion de leur jeune gardien. J’ai été revigoré.

Rapidement, j’ai fini par rencontrer des Québécois qui m’ont tendu la main et j’ai décroché un emploi. En un temps record, j’ai tutoyé le maire de Montréal, le premier ministre du Québec et d’autres hauts fonctionnaires et forces vives québécoises qui ont à cœur leur pays! Mon amour pour ma terre d’accueil a bondi d’un cran.

Hélas, mes nouvelles fonctions m’ont mené à découvrir l’amère réalité des nouveaux arrivants broyés par l’immigration. Dans la foulée, en 2007, j’ai vu le

Québec emprunter une voie dangereuse. L’immigration était de plus en plus montrée du doigt comme un fardeau sur les épaules des Québécois. Le doute a démoli mes convictions, mais j’ai refusé d’abdiquer, même après le douloureux épisode de la commission Bouchard-Taylor.

Après une accalmie, on a replongé dans le mélodrame de la Charte des valeurs. Mes angoisses ont resurgi. Cette fois, je me suis jeté dans la bataille de toutes mes forces. Et la démocratie a parlé. Ma patrie d’accueil finit toujours par choisir la voie de la raison.

Comme chaque Québécois, on vit des hauts et des bas, on affronte l’adversité, on déchante, on perd espoir, mais on ne baisse pas les bras.

Lucien Bouchard l’a si bien résumé au début de son huis clos : «Ceux qui ont construit le Québec, ce n’étaient pas des niaiseux, ce n’étaient pas des opprimés, c’étaient des gens qui voulaient en maudit! C’est de là qu’on vient.»

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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