De l’art de «se regarder le nombril»

Certains de nos commentateurs et commentatrices vedettes se font un réel plaisir de dénigrer l’autre d’ici comme d’ailleurs. Et détrompez-vous, médire sur l’autre est un sport planétaire.

Parmi les chaînes satellitaires que je regarde à l’occasion, il y a Al Alam, la version arabe de la télévision publique iranienne. La culture occidentale y est décrite comme dépravée avec son lot quotidien de violence urbaine, de prostitution, de pédophilie, de violence faite aux femmes, de drames familiaux, de corruption, de collusion, de scandales financiers d’un capitalisme barbare, etc. Vu de Téhéran, nous vivons vraiment dans une jungle sans foi ni loi et notre salut passera par un nouvel ordre global guidé par l’islam chiite.

Ne riez pas, nous avons aussi nos ayatollahs de la désinformation. Ici, des faiseurs d’opinions passent leur temps à décrire les autres, notamment les musulmans, comme une horde de barbares batteurs de femmes et adorateurs des décapitations et des violences sur l’humanité tout entière.

Nos ayatollahs au style vestimentaire décontracté se voilent aussi les yeux. Comme si chez nous les femmes sont réellement l’égale de l’homme et que nos enfants sont à l’abri des sévices! Au Québec, la violence masculine envers les femmes, notamment le drame des femmes autochtones, l’épidémie de la pédophilie et des agressions sexuelles, les propos et les publicités sexistes, sont une réalité.

Une culture du viol fait des ravages dans notre société, les drames familiaux déciment nos familles, notre modèle sociétal est injuste, nos riches s’enrichissent plus et nos pauvres s’appauvrissent encore et encore. Ce sont des faits palpables, mais cela ne veut pas dire qu’on est une société dépravée et au bord du précipice.

Quand on analyse l’autre, la nuance et la mise en contexte sont toujours nécessaires, car déballer des observations et des statistiques stériles, c’est le mépriser. Quand on veut y mettre du sien, c’est fou de découvrir que l’humain et partout pareil!

Ne s’intéresser qu’à soi en étant égocentrique et prétentieux, c’est passer son temps à contempler son nombril et oublier, voire nier l’existence de l’autre, et ne pas le considérer. Hélas, on est toujours aveuglé face à nos propres défauts, mais exalté envers ceux de l’autre.

Comme toute civilisation, on a une certaine appréciation positive de nous-mêmes, nos pratiques, nos coutumes et nos institutions. Ce qu’on fait, on le trouve normal comparativement à l’autre qui est différent de nous. Tantôt avec condescendance, tantôt avec mépris, on juge bizarres les mœurs de l’autre.

Historiquement, alors que les frontières étaient étanches, l’Autre pour l’Occidental a été le primitif, le sauvage, le barbare, l’infidèle, etc. Et même si cet Autre a fini par devenir son voisin de palier, cette incompréhension perdure!

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