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La vigilance sans paranoïa

L’assassinat de l’un de nos soldats à Saint-Jean-sur-Richelieu par Martin Rouleau est un innommable meurtre. Sans nier sa dangerosité, il ne faut pas céder à la panique.

Hélas, dès le début, les conservateurs ont récupéré politiquement cet assassinat crapuleux. Pire, certains médias se sont transformés en organe de propagande au service de la terreur islamiste.

Martin Rouleau est un criminel. Ni plus, ni moins. Propager ses délires et ses paroles paranoïaques en heure de grande écoute et dans les manchettes est dangereux. Cela dit, le public a le droit d’être informé.

Les musulmans représentent plus d’un million de Canadiens, dont quelque 240 000 Québécois. La majorité des musulmans du Québec vit dans la région du Grand Montréal.

Une étude menée par Frédéric Castel, chercheur à l’UQAM, montre qu’une minorité de nos musulmans pratique assidûment sa religion (15 % à 25 %). Quant à leur frange radicale, nos experts en questions du terrorisme estiment que nos différents services de renseignement surveillent quelque 400 Canadiens. Au Québec, ils sont une trentaine et les plus dangereux ne dépasseraient pas les doigts des deux mains.

À ce titre, nos musulmans sont nos alliés les plus importants face aux terroristes. Leur grande majorité est vigilante et combat avec conviction toute sorte de radicalisme. D’ailleurs, l’année dernière, dans l’affaire du complot de Via Rail, l’information qui a déclenché l’enquête de la police provenait d’un imam de Toronto.

Certes, il faut être prudent pour éviter les conclusions hâtives, mais les témoignages de l’entourage de Martin Rouleau et son mode opératoire dénotent un amateurisme flagrant.

On est loin du vrai terroriste, dans la lignée des auteurs aguerris des attentats du 11 septembre.

Dernièrement, les jeunes terroristes qui ont défrayé la chronique en Occident sont pour la majorité de jeunes dérangés. La plupart traînent une enfance chaotique.

Comme l’a expliqué hier Dr Gilles Chamberland, directeur des services professionnels et médecin psychiatre à l’Institut Philippe-Pinel, au micro de C’est pas trop tôt, à Ici Radio-Canada Première, nous aurons de plus en plus affaire à un jeune atteint d’une maladie mentale. En colère contre la société, il se marginalise et développe des délires qui évoluent durant le temps pour culminer dans un geste d’éclat.

Il ne manque à ce jeune qui a accumulé beaucoup de frustration qu’une étincelle pour passer à l’acte. Pour canaliser sa rage dans une cause «légitime», il est une proie facile pour les gangs criminels, comme pour les recruteurs du groupe terroriste État islamique.

La vigilance sera de plus en plus de mise, mais pas la paranoïa!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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