Le silence des agneaux

Dans l’affaire Jian Ghomeshi, il faut respecter la présomption d’innocence de l’accusé et les droits des plaignantes, mais sans ignorer que les crimes sexuels rongent notre société.

Les apparences sont trompeuses, car l’histoire regorge de cas d’accusés livrés injustement à la vindicte populaire avant d’être innocentés et de se retrouver avec une vie brisée. Parallèlement, les victimes doivent combattre la peur et les regards inquisiteurs tout en supportant seules le fardeau de la preuve.

Cela dit, dans l’affaire de l’ex-vedette de CBC, certains doutent, car si Jian Ghomeshi est l’agresseur décrit par les neuf victimes citées par le Toronto Star, ce scandale aurait pu éclater il y a longtemps.

Contrairement à la croyance populaire, un criminel sexuel n’est pas l’incarnation physique du Bossu de Notre-Dame. La liste est longue des hommes, présentables et irréprochables qui se sont avérés n’être que de vulgaires violeurs.

La scène judiciaire pullule de cas de créateurs de génie affables, respectueux et galants avec la gent féminine, mais une fois derrière des portes closes, mettant bas leur masque et se laissant submerger par leur être traumatisé, anxieux et pervers, surtout avec les femmes.

Même dans un milieu de travail, des hommes brillants dotés d’une intelligence supérieure sont pourtant touchés par le syndrome DSK. Face à une femme, ils deviennent de vulgaires affamés esclaves de leur appétit sexuel féroce. Une récente affaire de harcèlement sexuel illustre cette tyrannie, c’est celle de Gordon MacDougall, le journaliste de Radio Canada International qui a mené la vie dure à l’une de ses collègues.

Ces gentlemans, sous prétexte de libertinage, osent laisser libre cours, au vu et au su de tous, leurs débordements pervers au cours de soirées intimes ou en milieu de travail. Comme des hyènes, ils se ruent sur la gent féminine avec vulgarité.

Ces assaillants ont pourtant tous les atouts pour attirer les femmes. Charmeurs dotés d’un savoir-vivre raffiné, ils sont de véritables encyclopédies qui imposent le respect, mais face aux femmes, ils sont en mode chasse animale.

L’État et la société n’ont rien à dire sur les pratiques sexuelles d’adultes consentants, mais où finit le libertinage et où commencent le harcèlement sexuel
et le viol?

Certaines victimes osent murmurer entre les branches leurs mésaventures avec ces voraces intouchables. Hélas, elles sont souvent montrées du doigt et leurs cris d’alarme sont réduits à de simples insinuations malveillantes.

À cause de notre aveuglement collectif, des victimes déclinent des invitations de peur de tomber nez à nez avec leur bourreau de fin de soirée. D’autres s’efforcent chaque matin de se rendre au travail, la peur au ventre. Jusqu’à quand?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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