La musique sur une autre planète

bandeau spécial nostalgieAu début des années 1980, j’habitais une petite ville perdue au pied de la montagne, sur mon ancienne planète. Même d’apparence conservatrice, ma localité regorgeait de jeunes groupies foudroyés par la fièvre de John Travolta et de ses déhanchements.

La radio FM nationale marocaine en langue française proposait, à longueur de journée, les succès en vogue. Les gémissements des Bee Gees et de Michael Jackson avaient des adeptes indéfectibles. Le samedi soir, c’était les veillées dansantes. La voix de l’animateur et ses mixages recréaient alors l’ambiance des boîtes de nuit dans le noir de nos chambres.

Certains de nos aînés ont commencé à organiser des boums, les samedis après-midi. Je n’avais pas encore l’âge, mais on se cachait pour espionner ceux qui les fréquentaient, et surtout pour écouter et danser sur les mixages de l’heure en catimini!

Feu Alifi Hafid, un animateur éclectique de la station FM publique nationale en langue française, a éduqué musicalement un nombre incroyable de Marocains. En début de soirée, il régalait ses auditeurs des meilleurs groupes de rock et pop de la planète. Tout y passait, depuis Bono et ses U2, Sting et ses Police, Phil Collins et ses Genesis, et le reste du gotha de la planète musique. C’est lui qui m’a fait découvrir deux de mes groupes préférés: Guns N’ Roses et Metallica.

Le lancement de Médi 1, la première radio privée du Maghreb lancée, dès 1981, depuis Tanger, la perle du nord, tombait à point. Sa programmation jeunesse nous fascinait. Ses animateurs nous régalaient, à leur tour, de toute sorte de musique. Je ne ratais plus aucune sortie d’album, peu importe sa provenance.

L’été, quand j’étais à court d’argent de poche pour aller à l’unique piscine du coin, je rejoignais mon ami d’enfance, dans sa chambre, au dernier étage de leur immense demeure. Avec un simple radiocassette, on enregistrait des émissions au complet ou des concerts de nos groupes préférés pour les réécouter ensemble à satiété.

Pour les plus branchés, grâce aux radios ondes courtes comme RTL, Europe 1 ou les stations espagnoles et portugaises, les rythmes coulaient à flot. La musique occidentale était accessible. Je veillais en me gavant de soirées spéciales Pink Floyd, Led Zeppelin et d’autres légendes du rock.

Trois décennies après, à l’ère de YouTube, les nouveautés musicales des quatre coins de la planète sont accessibles d’un clic du doigt, mais je donnerais tout pour revivre, au moins une fois, la sensation de devoir écouter l’intégrale d’une émission radiophonique d’Alifi Hafed, avant d’être médusé par le son magique d’un tube inattendu!

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