La laïcité n’est pas un gilet pare-balles

Quand Bernard Drainville dit que sa version de la laïcité est le meilleur rempart contre l’intégrisme religieux, il dupe le public, car son modèle a mené la France vers une impasse.

Si cette laïcité à la française qui obnubile certains péquistes était bonne, elle aurait fait de l’Hexagone un havre de paix et un modèle d’intégration des minorités. Or, non seulement des millions de Français des cités sont exclus de la république, mais ce pays a exporté 1 000 djihadistes au groupe sanguinaire État islamique.

Une charte de la laïcité juste affirmera les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes et encadrera les demandes d’accommodement. Mais la lutte contre le terrorisme islamiste est une autre paire de manches.

D’abord, il faut judiciariser et non pas politiser la lutte contre le fanatisme islamiste. Parallèlement, cette lutte passera par une école qui est malheureusement en crise, car 49 % de nos adultes au Québec sont des analphabètes fonctionnels. C’est la voie royale vers une société de la pensée paresseuse qui se nourrit de slogans et qui se soumet aux représentations dépourvues de jugement – les phobies.

La lutte contre l’intégrisme religieux passe ensuite par une bataille acharnée contre l’exclusion sociale et professionnelle qui frappe les musulmans du Québec. Leur taux de chômage est calamiteux et ils sont victimes d’une islamophobie galopante.

Cela dit, en Occident, la lutte contre le fanatisme islamiste passe aussi par l’arrêt du soutien indéfectible des régimes rétrogrades, comme celui de l’Arabie saoudite qui impose un apartheid institutionnalisé à ses femmes. Pourtant, tout le monde se prosterne devant ce régime moyenâgeux. Récemment, on a même entendu les leaders du monde dit «libre et démocratique» vanter, sans sourciller, ses «mérites».

Hier, l’Occident a soutenu les Kadhafi, Saddam, Moubarak, Ben Ali, Al-Assad et leurs acolytes, des dictateurs qui ont systématiquement jeté leur peuple dans les bras du conservatisme crasse, l’antichambre du terrorisme. Là-bas, sans espace de liberté, les gens n’ont plus besoin ni de la charia, ni du wahhabisme pour être hostiles à la liberté d’expression, à l’égalité hommes-femmes, l’homosexualité ou à la séparation de l’État et de la religion.

Avec une «clause grand-père» ou pas, les deux versions de la charte de Drainville créeront de facto une caste inférieure dans notre société : les musulmans. Et au lieu de lutter contre le fanatisme islamiste, elles l’institutionnaliseront.

Assez perdu de temps. On aurait dû appliquer les recommandations justes et éclairées du rapport Bouchard-Taylor, il y a presque sept ans. Tous nos partis politiques sont responsables de cet échec.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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