La «niqabitude»

Rien que pour entamer ma fin de semaine dans la joie, j’aurais vraiment aimé parler d’un sujet plus rafraîchissant qu’un énième thème sur les musulmans du Québec.

Hélas, on est toujours rattrapé par l’actualité, particulièrement cette unanimité pancanadienne avec Stephen Harper sur le port du voile intégral. Même au Québec, le premier ministre conservateur du Canada a fait bingo!

Avec cette « affaire canadienne » du niqab, le débat sur le port des signes religieux ne fait que commencer au Canada. Avec le projet de loi antiterroriste C-51, ils seront les deux fers de lance des conservateurs pour conquérir le Québec, lors des prochaines élections fédérales.

Au-delà de l’explication théologique si l’islam impose le voile intégral ou non, il suffit de googler « pèlerinage à La Mecque » et de chercher les images correspondantes à cette requête. Là, tous se rendront compte que, parmi les pèlerins, les femmes ne couvrent pas nécessairement leur visage! Certaines portent un voile qui couvre leurs cheveux avec un hijab, alors que d’autres sont adeptes du voile intégral, le niqab.

Logiquement, si une femme n’est pas obligée de porter un voile intégral pour accomplir l’un des cinq piliers de l’islam, et en Arabie Saoudite de surcroît, pourquoi le serait-elle pour recevoir ou offrir un service public au Canada?

Et c’est là où le bât blesse. Depuis le dépôt du rapport Bouchard-Taylor, en 2008, les Québécois sont quasi unanimes sur trois points :

  • Insérer dans la charte québécoise une clause interprétative établissant l’égalité hommes-femmes comme une valeur fondamentale de notre société;
  • Interdire le port de signes religieux aux magistrats et procureurs de la Couronne, aux policiers, aux gardiens de prison et aux président et vice-présidents de l’Assemblée nationale;
  • Offrir et recevoir les services publics à visage découvert. Autrement dit, les services publics ne pourront être reçus ni offerts par une femme portant une burqa ou un niqab, le voile intégral.

Malheureusement, les deux principaux partis politiques du Québec, le parti libéral et le parti québécois, ne cessent de jouer avec le feu. Ils auraient dû et pu en finir avec ce débat dévastateur il y a bien longtemps.

Cela dit, au Québec, le temps de la réconciliation est encore possible sur ce sujet crucial, seulement si le PLQ et le PQ décident enfin de travailler la main dans la main, une bonne fois pour toutes.

Pour ne pas commettre la même erreur que le Québec, il faut que le Parti libéral du Canada et le NPD dépolitisent cet enjeu majeur. Ils doivent éviter une guerre sémantique stérile avec Harper afin de tordre le cou à toutes les dérives qui jetteraient en pâture à la vindicte populaire les musulmans du Canada.

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