La religion a-t-elle sa place à l’école?

Photo: Google Street View

Bien sûr que la religion a sa place à l’école, non pas dans le sens théologique du terme, plutôt dans un sens objectif et historique, surtout dans une société multiconfessionnelle comme la Québec.

À cet effet, la longue bataille juridique de l’école Loyola pour enseigner le catholicisme de manière non pas neutre, mais plutôt conforme à ses orientations et croyances et ceux de ses enseignants est une aberration.

Certes, la Cour suprême du Canada a tranché et le ministère québécois de l’Éducation est désormais obligé d’accorder aux établissements scolaires confessionnels privés une exemption d’enseigner son programme d’éthique et culture religieuse (ÉCR). Loyola est une école catholique, la religion de la majorité des Québécois. Que se passera-t-il quand une école juive ou musulmane se prévaudra de ce droit? Cette décision pourrira encore plus le débat sur la laïcité qui plombe le Québec.

Le chroniqueur du Devoir Antoine Robillard a évoqué avec justesse les dangers d’une «reconfessionnalisation» de l’école quand il a énuméré ces questions légitimes: «Un enseignant croyant catholique sera-t-il porté à présenter les zones d’ombre de l’histoire de sa religion? À l’école Loyola, parlera-t-on des Croisades et de l’Inquisition? Peut-être bien, mais les chances sont minces que les élèves aient accès à une “description neutre des coutumes et des pratiques”, de l’histoire d’une religion en laquelle un professeur croit. Et les élèves issus de familles non religieuses, devant ces mêmes professeurs croyants? Ne retournons-nous pas, avec ce jugement, à des situations d’avant la possibilité que ce même type d’élèves soient exclus des “cours de catéchèse”?»

Normalement, dans une société laïque, tous les services fournis ou subventionnés par l’État doivent respecter une neutralité sans faille, surtout à l’école. D’où l’importance d’accorder aux élèves un vrai cours objectif de l’histoire des religions sans arrière pensée idéologique. Qu’est-ce qui interdirait alors à une école confessionnelle d’organiser des activités hors programme pour promouvoir sa croyance?

Dans la même veine, la promotion de la laïcité à l’école est une nécessité de tous les instants. Dans une société, comme la nôtre, il est apeurant de constater que des notions de base comme la laïcité et la démocratie libérale sont ignorées. Faites un test dans votre entourage et vous allez être estomaqués par les réponses.

Cette réalité criante s’est manifestée clairement lors de cet interminable débat sur la laïcité dans lequel s’est empêtré le Québec durant ces huit dernières années. Ce n’est pas pour rien que plusieurs de nos concitoyens prêtent à la charte péquiste «des valeurs québécoises» des vertus qu’elle n’a pas.

Il est plus que temps que le Québec discute sérieusement la place de la religion dans notre société et revoie le financement des écoles confessionnelles et leur rôle dans le cadre d’une société multiconfessionnelle qui a la laïcité et la démocratie libérale comme tronc commun.

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