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Le Maroc légalise l’avortement… en partie

Photo: Capture d'écran Envoyé spécial

Après avoir été un sujet tabou pendant longtemps, un débat national houleux sur l’avortement a secoué le Maroc, ces cinq derniers mois. Le roi du pays a fini par trancher: oui pour l’avortement, mais pour des cas limités et précis!

L’événement déclencheur de cette saga, qui a provoqué cette ouverture insoupçonnée, s’est produit le 27 janvier dernier. Lors d’un reportage de l’émission Envoyé spécial sur cette question épineuse au Maroc, Chafik Chraïbi, gynécologue et chef d’un service de maternité de Rabat, la capitale du royaume, a livré un plaidoyer courageux pour l’avortement sur France 2, la télé publique de l’Hexagone.

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Son passage a valu à ce militant du droit à l’avortement une suspension d’une semaine.

Dans la foulée, la roue de l’histoire s’est accélérée pour forcer le ministre de la Santé du pays à lancer un débat national sur l’avortement, le 11 mars dernier.

Pour modifier la loi sur l’avortement, des organisations marocaines qui militent pour le droit d’avortement des femmes au royaume se sont mobilisées, comme l’Association marocaine de Lutte contre l’Avortement clandestin (AMLAC), l’association Droit et Justice, le collectif national droit à la santé et l’association Solidarité féminine.

Le débat était vif. D’un côté, la majorité défend bec et ongles une approche 100% religieuse et qui se contente de faire la promotion de l’abstinence sexuelle. De l’autre, des voix de plus en plus nombreuses appuient ouvertement la légalisation de l’avortement pour toute grossesse non désirée ou même, pour une extrême minorité, le droit carrément de la femme de disposer purement et simplement de son corps.

Pour accélérer la cadence du débat, à la mi-mars, le roi Mohammed VI a reçu ses ministres de la Justice et des Affaires islamiques ainsi que le président du Conseil national des droits de l’Homme. Il leur a donné un mois pour faire des propositions.

Vendredi dernier, le roi a pris sa décision: le Maroc va autoriser l’avortement dans de nouveaux cas, notamment de viol ou de graves malformations et maladies fœtales.

Il faut rappeler, au Maroc, l’avortement a été jusqu’ici légalement interdit, sauf si la vie de la mère est en danger. Pourtant, dans la pratique, il est toléré, mais clandestinement.

Ainsi, au royaume, certains parlent de 800 avortements par jour à des coûts qui varient entre 200 à 1300 dollars canadiens. Ceux qui en ont les moyens le font «clandestinement» dans des cliniques privées sans mettre en danger leur santé, alors que pour la grande majorité des femmes, qui veulent avorter et qui sont démunies, recourent aux méthodes «traditionnelles» et mettent leur santé en danger.

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