Le paradoxe SNC-Lavalin

Les bureaux de SNC-Lavalin à Montréal. Photo: Archives Métro

Dans quel monde vivons-nous? SNC-Lavalin, l’un des fleurons des entreprises québécoises, a pataugé dans de sales machinations, mais continue de brasser des affaires comme si de rien n’était!

Pour redorer son blason, SNC-Lavalin a même pris d’assaut nos télés via une publicité qui vante son expertise et son ascendant dans le monde des affaires québécois, sans aucun regret ni profession de foi au sujet de ses scandales!

Hélas, rien que pour obtenir le contrat du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), SNC-Lavalin a versé 22,5 millions en pots-de-vin, dont 10 millions se sont retrouvés dans le compte bancaire du couple Mattock-Porter. Pire, l’hiver dernier, la GRC a déposé des accusations de corruption et de fraude contre trois entités du Groupe SNC-Lavalin en lien avec les activités de la société en Libye.

Malgré ces accusations, SNC-Lavalin a décroché le contrat de construction du nouveau pont Champlain et un autre contrat majeur.

Justement, à Québec, comme à Ottawa, SNC-Lavalin dispose de solides appuis. Les deux gouvernements et provincial et fédéral la défendent, sans oublier le renfort du milieu des affaires, notamment celui de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Le principal argument de cette défense «blindée» est que le peuple doit faire une différence entre la rapacité de certains dirigeants crapuleux et l’action «sans tache» de l’ensemble d’un groupe depuis lequel ils ont sévi en solitaires.

En gros, ces crimes posés par le passé ne devraient aucunement nuire aux activités de l’organisation dans son ensemble pour protéger les emplois de ses quelque 40 000 employés.

Dans Que faire de SNC-Lavalin?, un billet de son blogue à L’actualité, le journaliste spécialiste des affaires policières, municipales et judiciaires au Devoir, Brian Myles, résume bien cette incongruité.

En effet, comment rompre avec le cycle de corruption si les règles ne sont ni claires, ni appliquées par nos autorités? Autrement dit, notre justice ne perd-elle pas son pouvoir de dissuasion et prive notre économie d’une concurrence saine?

En usant de l’argent sale, SNC-Lavalin n’a-t-elle pas prospéré sur le dos d’honnêtes compagnies québécoises qui ont été injustement privées de contrats fructueux qui auraient pu faire d’eux des géants de notre industrie, mais avec de l’argent propre?

Oui, personne n’est contre la vertu. Il faut sauvegarder ses milliers d’emplois et son expertise, mais, pour regagner la confiance du public, SNC-Lavalin ne pourrait s’en sortir juste avec une simple opération de communication bien ficelée.

Au minimum, ce fleuron de notre économie devrait reconnaître ses torts, faire amende honorable et s’investir dans la moralisation du monde des affaires québécois, particulièrement chez nos futurs gestionnaires et chefs d’entreprises.

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