Du terrorisme et des dollars
Jeudi soir, avant d’aller au lit, parce que je n’avais pas suivi l’actualité ce jour-là, j’ai regardé le téléjournal de France 2. L’une des manchettes qui a attiré mon attention parlait de la conclusion d’une transaction commerciale majeure.
L’Arabie saoudite a ainsi signé pour plus de 15 milliards de nos dollars de contrats avec la France. Eh oui! Le président du berceau des Lumières en Occident a reçu une délégation de l’Arabie saoudite, le pays du wahhabisme, une vision archaïque et ultra conservatrice de l’islam.
Les images sont saisissantes: le président François Hollande accueillant son hôte/client, le ministre saoudien des Affaires étrangères, à la tête d’une délégation imposante du pays où les violations institutionnalisées des droits de l’homme sont légions!
Durant une longue séance de signatures de contrats, la France a vendu à l’Arabie saoudite 23 hélicoptères Airbus, 50 avions A320 et A330 et une trentaine de bateaux patrouilleurs. Et ce n’est pas fini. Ses commandes fermes seraient le préambule d’une promesse de négociations pour l’achat de deux réacteurs nucléaires et la construction d’une importante ligne ferroviaire.
Comment pouvait-il en être autrement après le rapprochement des États-Unis avec l’Iran chiite, le pire ennemi de l’Arabie saoudite sunnite? Pour enrager leur allié naturel américain, les Saoudiens déroulent avec fracas le tapis rouge à la France. Et le pays de Voltaire qui croupit sous une dette colossale aggravée par une crise économique étouffante a sauté les pieds joints dans la brèche laissée par l’Oncle Sam.
Ce n’est pas anodin que ce partenariat stratégique ait été le fruit de longues négociations menées directement par le ministère des Affaires étrangères français.
Oui, un chef d’État socialiste qui se dit progressiste n’a plus le choix. Il ne peut «cracher sur le cash» qu’importe d’où il vient, même si c’est d’un État des plus féroce vis-à-vis les droits de l’homme. Dépité, je m’endors là-dessus.
Vendredi matin, dans la cadre de ma revue de presse matinale, je tombe sur la nouvelle tragique d’un attentat terroriste à Lyon, l’une des villes françaises les plus importantes. Cette agression abjecte porterait la signature du groupe État islamique, une organisation qui partage presque mot pour mot la doctrine rétrograde wahhabite!
Dans un monde juste, un pays qui inflige 10 ans de prison et 1000 coups de fouet à un homme, Raif Badawi, qui a juste osé exprimer une opinion doit être mis définitivement au ban des nations! Mais quand l’argent parle, les consciences hibernent. Hélas!