Qui sauvera la Tunisie?

Je ne sais pas comment la Tunisie tient encore debout, ni comment elle n’a pas été terrassée par une crise cardiaque!

Il y a quatre ans, au lendemain de la fuite de son dictateur, ce petit pays paisible, à l’histoire mémorable, aurait pu disparaître. Mais face au chaos, des Tunisiennes et des Tunisiens, de tout âge, se sont organisés en milices populaires pour protéger leurs quartiers, leurs villes et leurs villages.

Le courage de cette Tunisie est fascinant. Mais la bravoure d’un pays a ses limites, surtout si beaucoup de ses jeunes ont dû se résoudre à le quitter par contingents. Rien qu’au Québec, on parle de plus de dix mille Tunisiens qui y ont choisi l’exil.

Pourtant, le 17 décembre 2010, sous un régime injuste, un Mohamed Bouazizi meurtri par la pauvreté et les humiliations quotidiennes s’est immolé pour en finir avec sa vie de misère.

Dans un élan de solidarité insoupçonnée avec ce vendeur de légumes à la sauvette, les Tunisiens ont bravé la peur et l’inconnu. Ils sont sortis dans les rues pour chasser la dictature, ses sbires et ses charognards. Mais, quatre ans après, le chômage s’est aggravé, et aucun espoir ne pointe à l’horizon. La jeunesse tunisienne est ainsi devenue une proie facile du désespoir.

Les requins d’Al-Qaïda et Daech ont été attirés par le saignement du corps affaibli et meurtri de cette Tunisie agonisante. Pour sévir, ces groupes sanguinaires ont profité des lendemains moroses de la révolution du jasmin, du brouhaha de politiciens sans envergures et du déficit sécuritaire.

Depuis quatre ans, des filiales de cette internationale djihadiste ont su convertir le conservatisme galopant chez la population par un radicalisme des plus aveugle et obscurantiste. Ils ont aisément endoctriné ses éléments les plus fragiles à travers des mosquées clandestines décimées à travers tout le pays.

Leur message est simplissime: choisir entre une survie dans le déshonneur et les humiliations quotidiennes ou un paradis éternel avec 70 vierges! Ce n’est pas pour rien que le contingent tunisien est le plus imposant au sein des combattants étrangers en Syrie et en Irak.

Ces requins sont résolus à dévorer la Tunisie. Pour porter le coup de grâce, ils attaquent le cœur de son économie: le tourisme. Si ce secteur névralgique cède, c’est la faillite. Ruiné, sans moyens et divisé, comment ce petit pays résistera-t-il avant une fin tragique, surtout avec ses forces vives qui fuient par milliers?

Mais même si ce pays courageux se meurt dans l’indifférence totale, je fais mienne cette maxime de l’écrivain Francis Scott Fitzgerald et je dis aux Tunisiens de partout: «On devrait comprendre que les choses sont sans espoir et pourtant être décidé à les changer.»

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