Scène de rage ordinaire à Montréal

L’autre jour, je conduisais tranquillement mon auto sur le boulevard Jarry. Au dernier feu, avant de croiser le boulevard Saint-Laurent, un jeune homme, casquette vissée sur sa tête et arborant un tee-shirt et un bermuda tous d’un bleu foncé, m’intima de m’arrêter.

Étant devant, j’étais pratiquement le seul à distinguer sur le chandail de celui qui a bloqué la circulation les symboles d’une caserne des sapeurs-pompiers.

Aussitôt, j’ai remarqué sur le trottoir mitoyen la présence d’une femme tenant d’une main un bloc-note et de l’autre un talkie-walkie. Elle échangeait des indications avec d’autres personnes accostées des deux côtés du boulevard.

À cet instant, juste à ma droite, au parc Jarry, mon intention a été attirée par un attroupement de jeunes en uniforme de l’école secondaire du coin. Un rassemblement curieux à cette heure de l’après-midi.

J’ai alors deviné que l’école en question a été évacuée par les pompiers. Était-ce pour une simulation ou par prévention? Qui sait? Ainsi, pour permettre le retour de ces élèves en classe, les pompiers ont décidé d’arrêter la circulation par précaution.

Évidemment, un concert de klaxon n’a pas tardé de fuser de la part d’automobilistes excédés après avoir survécu au long goulot d’étranglement, entre l’Acadie et Querbes. Depuis le printemps dernier, ce tronçon de Jarry est devenu une traversée infernale à cause de travaux majeurs qui s’y éternisent.

Les plus impatients parmi les automobilistes bloqués derrière moi sont sortis carrément de leurs voitures pour comprendre ce qui se tramait à la tête du cortège. Une scène hilarante!

Au milieu du vacarme des klaxons, certains élèves ne se sont pas gênés, même en présence du personnel de leur école et des pompiers, pour envoyer des doigts d’honneur à la meute de chauffards.

Un premier automobiliste exacerbé s’est approché. Une fois à la hauteur du jeune pompier, il lui a intimé de respecter le feu de la circulation. Son interlocuteur lui dit sèchement de retourner à sa voiture pour ne pas avoir affaire à la police.

À cet instant, j’ai vu dans mon rétroviseur un autre automobiliste pris d’une colère explosive. Il s’avançait à grands pas vers le jeune pompier en baragouinant en anglais ce qui paraissait être des insultes. Piqué au vif, le pompier a d’abord consulté son collègue, de l’autre côté du boulevard, avant d’appeler les policiers en renfort.

Dans la foulée, les élèves ont fini par regagner l’entrée de leur école et la circulation a repris. J’ai vite fait de sortir ma voiture de ce guêpier que sont devenues les rues de Montréal, des chantiers qui poussent comme des champignons, des chauffards laissés pour compte au bord de la crise des nerfs et des représentants de la loi et de l’ordre dépassés!

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