Islam et homosexualité: le cas du Maroc

Photo: Collaboration spéciale

Apparemment, les Arabes se sont déchaînés pour rien. Un an après, les islamistes sont aux commandes et les libertés publiques sont en danger! Tout ça pour ça!

Certes, des signes inquiétants surgissent çà et là. Il faut rester vigilant, mais de là à imposer aux Arabes la fatalité de l’obscurantisme, c’est méconnaitre royalement la région. Là-bas, en terre arabo-musulmane, la grande majorité de la population appuie un islam modéré, leur socle identitaire indiscutable. Les partis islamistes modérés, qui ont gagné les élections démocratiquement au Maroc, en Tunisie et en Égypte, sont pris entre le marteau des salafistes, le Tea party des islamistes, et l’enclume des revendications des partis laïcs et modernistes soutenus par une société civile avide de liberté, la vraie!

Jusqu’à présent, ce mouvement progressiste tient bon, car il sait que l’économie de ces pays est tributaire du tourisme et que l’Occident a désormais ses caméras rivées sur la région! De cette lutte, le Maroc nous a livré un échantillon! La semaine dernière, lors d’une journée d’étude dans une université du royaume, la présence d’un auteur gai a provoqué l’ire des islamistes. L’homme honni est l’écrivain Abdellah Taïa qui est considéré comme le premier personnage public qui a fait son « coming out » au Maroc.

Outre la qualité de ses récits, cet écrivain marocain, qui s’est installé à Paris depuis 1999, s’est fait connaître, entre autres, en 2009, quand il a publié une lettre ouverte dans l’hebdomadaire marocain Telquel intitulée « L’homosexualité expliquée à ma mère ». Comme écrivain, Taïa a publié de nombreux ouvrages d’inspiration autobiographique, dont : « Le Rouge du tarbouche » (Séguier, 2005), « L’Armée du salut » (2006), « Une mélancolie arabe » (2008) et « Le Jour du roi » (prix de Flore 2010). C’est à ce titre qu’il a été invité à l’activité littéraire de l’Université d’El-Jadida.

Les représentants du Tea paty des islamistes marocains ne l’ont pas pris! Des professeurs et des étudiants islamistes du Mouvement pour l’Unicité et la Réforme et du Renouveau étudiant ont organisé une grosse manifestation. Ils ont accusé Ataïa de n’être rien de moins que l’infiltré du sionisme qui ourdit la destruction des valeurs de la société marocaine.

Abdellah Taïa n’a pas que des détracteurs. Il a aussi des amis, des partisans qui se taisaient auparavant, mais depuis quelques années, ils ont décidé de le défendre publiquement. Lors de la manifestation de la semaine dernière, des militants ont tout filmé. La vidéo a été postée par « goud.ma », un site d’information très populaire chez les internautes marocains.

Des médias indépendants bravent aussi de plus en plus les lignes rouges et abordent le sujet de l’homosexualité. Déjà, en 2007, l’éditorialiste de Telquel, l’un des magazines marocains qui militent pour la démocratie, a pris la défense de Abdellah Ataïa dans « Homosexuel Envers en contre tous ». Récemment, « L’observateur », un autre site marocain d’information générale, a lancé un débat en ligne avec un dossier sur le sort réservé aux minorités au royaume. Dans l’un des articles, l’auteur a appelé à ce que la société soit réellement démocratique en intégrant tous les citoyens, dans un esprit d’égalité parce qu’on ne peut pas construire une société de droit en excluant les minorités.

À suivre!

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