Désamorcer Pegida et la haine

La récente controverse sur le niqab ne présage rien de bon. L’exploitation de la peur de l’islam pour gruger le vote devient la norme. Et la xénophobie s’épanouit.

Dans un contexte de désinformation hallucinant, évidemment, l’islam fait peur! Les sondages ne cessent de le démontrer. Or, banaliser cette réalité ou stigmatiser ceux qui la sentent ne fait que radicaliser encore plus une majorité écrasante de Québécois et de Canadiens.

Oui, comme dans toute société, il y a un fond raciste, même ici. Mais il y a aussi d’honnêtes citoyens qui ne sont ni racistes, ni xénophobes, mais qui ont peur de l’islam et qui ne savent plus comment l’exprimer. Ôter le droit à la parole à cette majorité, c’est accepter de la transformer en un terreau fertile à la haine!

Notre histoire récente l’a prouvé. Dans les années 2000, l’Action démocratique du Québec (ADQ) a été le premier parti à jouer la carte de la peur de l’islam. Son chef, Mario Dumont, a failli accéder à la primature. Le Parti québécois (PQ) lui a emboîté le pas à deux reprises, en 2012 et en 2014. Il aurait pu voter sa charte dans un compromis historique accepté par tous les partis de notre province. Mais non, il a décidé de gruger le vote.

Quant au Parti libéral du Québec (PLQ), une fois au pouvoir avec une majorité confortable, au lieu de tordre le cou à cet épineux dossier, il tergiverse et gagne du temps!

L’inaction au sujet du port des signes religieux a fini par contaminer le reste du Canada. Durant l’actuelle campagne fédérale, les conservateurs ont sournoisement exploité cette peur de l’islam et le Bloc québécois y a vu sa survie. Le Bloc d’un politicien progressiste de la trempe de Gilles Duccepe!

Certes, Stephen Harper aurait pu facilement régler le sujet et interdire le niqab lors d’une cérémonie aussi symbolique que celle où on rejoint la famille canadienne. Mais lui aussi a décidé de gruger le vote.

Pour désamorcer les Pegida de ce bas monde et toute prolifération de mouvements xénophobes, il faut légiférer. Ça presse et la solution existe. Elle a bel et bien été amorcée par la commission Bouchard-Taylor, en 2008.

Une majorité écrasante de Québécois sont pour deux règles claires qui pourraient facilement séduire le reste du Canada: l’obligation de donner ou recevoir des services publics à visage découvert et l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires aux fonctionnaires en position d’autorité.

L’État n’a rien à faire dans la tête, le cœur, la chambre à coucher et la garde-robe d’un citoyen, mais il a l’obligation de préserver la paix sociale. Cet accommodement raisonnable est possible!

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.