Du «racisme systémique» au Québec?

Pour réagir à une lettre accusant le Québec de «racisme systémique», Mathieu Bock-Côté s’est indigné dans Le Journal de Montréal en publiant une chronique acérée : «Le Québec est-il raciste?»

En effet, le 7 mai dernier, un collectif a publié dans La Presse la lettre «Pour une commission sur le racisme systémique» afin de réclamer au premier ministre du Québec, Philippe Couillard, une intervention d’urgence à ce sujet au nom des valeurs de liberté et d’égalité.

Manifestement mal à l’aise, cinq jours plus tard, Mathieu Bock-Côté a donné l’impression dans sa chronique de ne voir dans ce cri d’alarme que du Québec bashing lancé par «des universitaires influents, des représentants de la gauche radicale et des “militants antiracistes”» pour dénoncer «le “racisme systémique” qui dominerait notre société.»

Certes, on est en droit de critiquer le constat d’un «racisme systémique», voire même de mettre à l’épreuve la véracité de l’argumentaire. D’ailleurs, c’est ce que j’ai dit en entrevue à trois des coauteurs de cette lettre, Émilie Nicolas, Will Prosper et Haroum Bouazzi.

Cela dit, tous les chiffres cités dans le constat de ce collectif sont très inquiétants, comme ceux sur l’augmentation au cours des 10 dernières années de la population carcérale autochtone de 46,4 %; celle des Noirs, de 90 %, alors que celle des personnes blanches avait diminué, malgré un taux de criminalité similaire.

Plus inquiétant encore, alors que ce collectif montre du doigt dans sa missive les discriminations qui accablent les minorités visibles, les autochtones, les personnes LGBT, les personnes en situation de handicap et les minorités linguistiques, le chroniqueur du Journal de Montréal a réduit sa réponse au seul problème des minorités ethnoculturelles versus la majorité «blanche».

En entrevue téléphonique, Mathieu Bock-Côté a assumé son choix de ne se concentrer que sur la question des rapports intercommunautaires pour dénoncer principalement l’accusation de racisme systémique perpétré par le collectif contre le Québec.

Quant à l’absence du visage de la diversité culturelle dans nos médias, dans l’esprit de Mathieu Bock-Côté, l’embauche d’une personne ne doit se faire que selon ses mérites et non selon son arbre généalogique. Aucun Terrien ne pourrait être contre cette vertu-là, mais dans la vraie vie, cela équivaudrait à dire que si les minorités visibles sont invisibles dans nos médias ou notre cinéma, c’est à cause de leur manque de mérite!

Si on avait suivi cette logique simpliste au moment où les femmes ont entamé leur émancipation au Québec, où en serait l’égalité entre les femmes et les hommes aujourd’hui?

Après avoir interviewé Mathieu Bock-Côté et trois des coauteurs de la lettre qui dénonce le «racisme systémique» au Québec, je me suis rendu compte du fossé abyssal qui sépare les deux visions d’un réel fléau qui ronge pourtant notre société.

Rien que pour cette raison, une commission nationale indépendante et neutre s’impose.

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