L’énigme turque

Emrah Gurel / The Associated Press Photo: Emrah Gurel / The Associated Press

Depuis une semaine, la tentative de coup d’État avortée en Turquie a accouché d’une abondance de thèses abracadabrantes, pour ne pas dire loufoques!

À ce sujet, une théorie du complot a fait son apparition rapidement. Comme quoi, ce putsch serait un coup monté par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour renforcer sa mainmise sur le pays. Mais cette thèse digne des films d’espionnage est à ce point invraisemblable que même des opposants au régime turc l’ont rejeté.

Dans la foulée, Erdogan a accusé à la hâte le prédicateur en exil Fehullah Gülen, son ancien allié, devenu ennemi juré.

Or, quelle que soit l’implication de ce prédicateur en exil aux États-Unis, sa tentative ne peut réussir sans un appui étranger.

Alors, à qui profite le crime? Qui a tenté de déstabiliser la Turquie, un pays à la fois musulman, membre de l’OTAN et impliqué directement dans la guerre qui embrase la Syrie depuis plus de 5 ans?

Pour les uns, la main invisible de la Russie serait indéniablement derrière cette tentative de déstabilisation de la Turquie, car Vladimir Poutine ne pouvait que riposter à la destruction dans le ciel turc de l’un de ses avions de chasse et l’assassinat de son pilote par des djihadistes qui seraient à la solde d’Ankara.

Pour d’autres, l’Arabie saoudite ne pouvait tout simplement pas rater l’occasion de détruire l’allié du mouvement des Frères musulmans qui ne cesse de le défier dans le monde sunnite. Le royaume wahhabite aurait donc décidé de mettre son ennemi juré hors d’état de nuire afin de contrer son influence et celle du Qatar dans la région.

Quelques soient les explications avancées, il faut du temps pour comprendre ce qui se trame actuellement en Turquie, car cette situation qui donne le tournis est très compliquée.

Les enjeux de cette crise ne peuvent donc être saisis sans comprendre les méandres de cette poudrière qu’est devenue cette région définie par les Américains comme le «Grand Moyen-Orient».

Les symptômes de cette maladie se sont matérialisés depuis la décolonisation catastrophique de cette région, qui a engendré entre autres le conflit israélo-palestinien, qui s’éternise depuis plus de 60 ans et qui a entraîné dans son sillage d’autres guerres, sans oublier l’éveil du chiisme sous la houlette de l’Iran.

Une guerre des religions est en train d’embraser toute cette région. D’abord, entre les musulmans sunnites et chiites. Ensuite, au sein même de la famille sunnite, entre les wahhabites et les Frères musulmans.

Pire encore, dans cette région, le réservoir du pétrole mondial, se concentrent aussi les intérêts vitaux et antagonistes des Américains, des Européens, des Russes et des Chinois.

Sommes-nous qu’au début de l’escalade?

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