Le paradoxe occidental face au monde musulman

Turkish President Recep Tayyip Erdogan addresses a meeting of local administrators at his palace in Ankara, Turkey, Wedesday, Feb. 10, 2016. Erdogan has ratcheted up his criticism of the United States for not recognizing Syrian Kurdish forces as "terrorists," saying Washington's lack of knowledge of the groups operating in the region had led to bloodshed. Turkey considers the Kurdish Democratic Union Party, or PYD, which are affiliated with Turkey's own Kurdish rebels as a terrorist group.(Yasin Bulbul/Presidential Press Service, Pool via AP) Photo: The Associated Press

La récente tentative avortée de coup d’État en Turquie a remis en lumière le paradoxe occidental par rapport au monde musulman.

Il y a trois ans, les chancelleries occidentales ont été passives devant un coup d’État en Égypte perpétré par une institution militaire corrompue et brutale, principale responsable de la paupérisation dramatique du peuple égyptien.

L’Occident a fermé les yeux devant l’éviction manu militari du premier président et du premier parlement démocratiquement élus dans toute l’histoire du pays des pharaons.

À ce moment-là, les voix occidentales ont été bien timides pour montrer du doigt la cruauté avec laquelle l’institution militaire égyptienne a fait avorter une des rares expériences de démocratisation dans le monde musulman ainsi que la purge qu’elle a menée contre les membres des Frères musulmans.

Aujourd’hui, cet Occident a tièdement salué le courage du peuple turc quand il a tenu tête à la frange putschiste de son armée en prenant la rue d’assaut. En revanche, ce même Occident s’est focalisé sur la réaction musclée du gouvernement Erdogan.

Insidieusement, l’opinion publique a été détournée vers des questions sensibles en Occident, comme la possibilité évoquée par Ankara de rétablir la peine de mort. Or, un des pays les plus actifs en la matière n’est nul autre que les États-Unis. Mais qui s’en soucie!

Pire, ce même Occident a adressé un avertissement sévère à un pouvoir turc démocratiquement élu parce qu’il a emprisonné des milliers de suspects par voie de justice.

Or, dans un passé non lointain, après les massacres du 11 septembre 2001, l’Amérique de George W. Bush a déclenché des rafles contre d’honnêtes citoyens américains uniquement parce qu’ils étaient musulmans. Et que dire de la honte monumentale qu’est devenue la prison illégale de Guantánamo?

Personne n’est contre le respect des valeurs d’une démocratie laïque où les libertés fondamentales sont assurées par la loi. Il est sage de tirer la sonnette d’alarme quand le pouvoir turc risque de sombrer dans la paranoïa au détriment des droits essentiels de ses citoyens.

Cela dit, l’Occident doit être vigilant même quand ses intérêts géostratégiques sont en jeu, comme cela a été le cas en Égypte. Malheureusement, dans ces moments de vérité, le discours occidental devient opportuniste.

Si les risques de la dérive autoritaire turque doivent être suivis avec attention par l’Occident, celui-ci doit aussi soutenir la démocratie dans le monde arabo-musulman même quand elle est antagoniste à ses propres intérêts vitaux.

C’est le vrai courage. Le courage des convictions!

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