Un moment donné, ça suffit

Hier, c’était le Super Bowl, dans quelques jours, ce sera les Jeux d’hiver de Sotchi. Deux événements sportifs où se rencontrent les athlètes des plus hauts niveaux. Quel parfait moment pour se parler de «chokage». Dans ma vie, j’ai «choké», oh, que j’ai «choké»! Dans les sports, dans des jeux vidéo, au poker, sur la scène, à l’écrit. Si j’étais l’underdog, que j’avais à te prouver ma valeur, je devenais Hulk. Mais si on attendait de moi que je performe, que j’excelle, si le dénouement allait vers une victoire, alors là, je tombais écrasé comme une crêpe lancée… par Hulk. Une chance, ça se règle.

Secondaire 4. Meilleur joueur de basketball de l’équipe. On perd par un point. Il reste moins d’une minute au cadran. Si on a le ballon, la consigne est de me l’envoyer. Le coach croit en moi, je dois marquer. J’ai eu trois montées au panier de suite sans que l’autre équipe ne marque. Pour mes trois montées, j’ai reçu des fautes. Une faute lors d’une montée au basket te donne deux lancers francs d’un point chaque. Faites le calcul. Trois montées, trois fautes, donc six lancers francs. AUCUN PANIER! Zéro en six!! Un seul aurait fait une différence, égalisant la marque. Mais non. J’ai «choké» comme une brindille d’herbe qui reçoit un pet de taureau.

Le lendemain, dans le corridor de l’école, le coach était debout à côté du directeur. Quand je suis passé devant eux, il a dit au directeur : «C’est lui qui a “choké”.» J’avais la tête courbée comme un chien assis dans les peluches d’un coussin décalissé.

Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Dans mes premières années en humour, c’était pareil. Dans les soirées dans les bars, si tu me faisais passer premier, avant l’entracte, après l’entracte, avant-dernier, j’étais en feu. J’étais comme une femme après une diète, à sa première sortie dans un bar dans sa nouvelle robe deux tailles plus petite, imperturbable. Mais si tu me faisais terminer le spectacle, si tu avais l’attente que je sois le plus drôle, ou du moins aussi drôle que le plus drôle qui avait passé plus tôt dans la soirée, là, c’était plus compliqué. Je ne «chokais» pas, je livrais, mais j’étais plus fragile, j’avais de la difficulté à m’amuser S’amuser sur scène c’est aussi important qu’avoir des roues sur son skate-board aux X Games.

Un jour je me suis tanné. J’ai décidé que c’était fini. J’ai commencé à faire des p’tits changements. J’ai commencé à prendre toutes les occasions que j’avais de performer sous pression, que ce soit un jeu niaiseux ou un moment plus important, comme un exercice pour me renforcer. Je voyais le tout comme un parcours de CrossFit psychologique, mais sans musique dance poche, pis du monde qui se peuvent pu de sacrer des coups de masse sur un gros pneu de tracteur.

J’ai encore des p’tits moments de faiblesse parfois. Mais ça n’a RIEN à voir avec mes six lancers ratés. Aujourd’hui, le panier, je le casserais en deux.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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