Faire avec

Secret. Ça ne me dérange pas l’hiver qui s’étire. «Ah ben oui! On sait bien! Tu fais du snow!» Non. «Du ski alpin?» Non plus. «De la raquette?» Nope. «Des igloos?» Négatif. «Qu’est-ce tu fais?» Je fais avec. Je sais que je ne suis pas le seul. On est une gang à vivre comme ça, à faire avec, mais on garde souvent une p’tite gêne. Ça gosse le monde quand tu fais trop souvent avec. Faque, on se voit en cachette les samedis, on mange des peanuts, pis on joue aux cartes. Quand on oublie les cartes, on pitche des peanuts dans des bucks. Bref, on fait avec.

Bouffe, météo, films, job, couvertes, peu importe ce que j’ai sous la main ou au-dessus de la tête, si j’ai pas ou pu de contrôle, je fais avec. C’est pas des jokes quand je dis que je garde une petite gêne. Même que j’ai souvent «faké» que quelque chose me dérangeait juste pour avoir l’air… «normal» ou pour que la personne me sacre la paix. «Avoue!!! Avoue-le donc que ça te dérange toi aussi le prix du gaz!!! AVOUUUEEE!!» «Ah, ben oui… ça pas d’allure…» Comme si la personne savait que c’est un peu absurde de perdre autant les pédales devant l’incontrôlable, se sent un peu nouille devant toi qui restes de glace, et donc veut t’amener avec elle dans sa cage à indignation détester la vie, la sienne, la tienne, celle de tes ancêtres, de tes petits enfants et des chenilles à dos poilu. Est-ce que je m’indigne quand même parfois? J’ai plus de 250 chroniques qui confirment que oui. Mais, j’essaie de rester détaché, de pas m’empoisonner la vie ni celle des chenilles à dos poilu, bref, de faire avec.
Faire avec c’est pas se contenter de peu, c’est… faire avec. On peut faire avec même dans le luxe. Manger du foie gras et du chèvre chaud, oublier d’acheter les bonnes biscottes à l’avoine… t’as le choix. Gâcher ton moment en virant fou «Shit!! On a pas les p’tites biscottes à l’avoine!! FUUUCCCK!!!» Ou, tu sacres trois bouts de baguette dans le toaster, pis merci bonsoir. («Des biscottes avec du chèvre chaud?» T’as compris ce que je veux dire. Anyway, c’est pas une émission de cuisine, c’est une chronique d’humour. Je peux ben mettre mon chèvre chaud sur une Pop Tarts si je veux.)

C’est peut-être mon enfance enrobée de faire avec, pour les besoins de la cause… la cause étant… pas d’argent, qui me garde comme ça. Mais je pense que c’est dans ma nature. J’aime m’adapter. Je trouve la vie plus excitante quand t’ouvres tes yeux et tu fais avec ce que t’as dans face dans le moment. C’est plus créatif, original, divertissant, relaxant, plaisant, smooth. (Je relis ce dernier paragraphe. On dirait que je suis une étudiante en cinéma qui rêve d’Australie. M’en fous. J’assume.)

«Oui oui, c’est ben beau là faire avec. Mais man… Y NEIGE!!! AVOUEEE Y NEIGE!!!» Non j’avoue pas. Je fais avec.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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