Quand rire reste la seule option

Mercredi dernier. On est le matin, je ramasse mes trucs, prêt à quitter mon petit appartement temporaire. Tout d’un coup, la nature appelle. Le genre d’appel que tu ne peux pas dire : «Bah, elle laissera un message, je réglerai ça plus tard.» C’est là, là. Étant sur mon départ, j’ai pas fait le plein de papier de toilette depuis quelques jours. Je surfais sur les Scott Towels, tel un seul homme, ou un homme seul. Le problème quand tu survis sur des rations de Scott, c’est que tu joues avec le feu. Si tu viens à en manquer, c’est fini. Ton chien est mort, ainsi que ton chat, ton hamster, ton lapin et ton cochon d’Inde.

Fais le tour de ma cuisine. Mon chien est bel et bien mort. Pu de Scott. La nature est rendue à son troisième redial, y est temps que je réponde. A man’s gotta do what a man’s gotta do! Fuck that, j’irai dans la douche! Après tout, une douche, c’est quoi? Un bidet avec un jet inversé. Qu’il vienne du bas ou du haut, tant qu’il aboutit à la même place et qu’il fait la même job, un jet d’eau c’t’un jet d’eau. No discrimation de jet. Ce sera ça.

Dame Nature et moi avons notre conversation. On jase, on placote. Tout baigne. Y est temps que je raccroche. Je tire la chasse d’eau. Rien. Pas rien; genre, ça tourne mais ça descend pas. Rien. Même pas un bruit d’eau qui coule. Le monsieur a déjà vu la neige neiger. Je me dis que le bouchon dans la cuve doit être tassé, donc la cuve est juste vide d’eau. J’enlève le couvercle de la cuve. Je tire sur la corde du bouchon, le replace. Rien. Pas d’eau. Pas bon, pas bon du tout. J’ouvre le robinet. Rien. Pas d’eau.

Je suis resté un mois dans ce bloc appartements, jamais eu un problème. Mais là, sur mon départ, alors que ma seule option post-toilette était la fuckin eau, elle est coupée! J’ouvre la porte des toilettes, scanne les alentours. Des factures… Nah. Sors de la toilette, me retrouve dans la cuisine. Je ne bois pas de café, alors les filtres, on oublie ça. Bounty. J’ai des feuilles de Bounty. L’idée a traversé mon esprit, pour en ressortir aussi vite. Voir que mes fesses vont sentir le printemps aux agrumes!

C’est là, exactement après l’option Bounty, que ça s’est passé. Debout au beau milieu de mon bordel de déménagement, flambant nu, vaincu, j’ai éclaté de rire. Pas le genre de rire que tu gardes en dedans devant le seul bon gag d’un film d’Adam Sandler. Un vrai rire, sonore. Le drame dont j’étais l’auteur a fait place à l’absurde dont j’étais le seul public. Peu importe le dénouement, pour l’instant, rire restait la seule option.

Dans la vie y a de ces moments. Quand l’accumulation de nos malheurs est telle que le rire nous gagne. C’est fascinant comment, en une seconde, on peut passer d’un état défait, colérique, triste, amer, à rieur. Décidément, j’ai choisi le bon métier. C’est beau et magique le rire. C’est quoi votre meilleure histoire de drame qui passe au rire? Gâtez-vous dans les commentaires, qu’on rie un peu avec vous.

Comment mon périple s’est terminé? Deux minutes après, l’eau est revenue. Non, mes fesses n’ont pas senti le printemps aux agrumes.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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