Stationnement réservé

Ça va bien ces temps-ci. Fait bon vivre comme on dit. Mon show au Zoofest va bien, je vais bien, j’aime mon nouveau coin, puis je viens de m’acheter une boîte de 24 sandwichs à la crème glacée.

Amène-toi, soleil, j’suis prêt. Mais ça n’a pas toujours été aussi up la vie. Amélie Poulain a eu son moment Courtney Love. Ceux qui me suivent le savent, j’en ai parlé de façons et d’angles différents. Je ne veux pas revenir en arrière, à un moment donné, le bout triste dans la biographie sur fond de Radiohead, ça fera. Mais puisque là ça roule, je suis plus sensible à ceux qui ont un de leurs pneus à plat… ou les quatre. Je les vois plus et mieux qu’avant.

Le visuel, le tangible, a encore plus la cote côté empathie que l’invisible à l’œil nu. Comme c’est souvent le cas au hockey, plus ça saigne, plus la sanction sera sévère. Mais, on s’entend, une côte fêlée, ça fait plus mal et plus de dommage qu’une coupure au-dessus de l’œil. Mais on ne la voit pas, la côte fêlée. Faque… deux minutes sur le banc, puis on n’en parle plus. Mais si ça saigne, le joueur est sorti du match sur-le-champ. Même chose pour les bobos entre les deux oreilles, ils passent souvent inaperçus.

Une des choses qui m’ont le plus marqué pendant ma p’tite période plus sombre, c’est qu’à la banque et à l’épicerie, y a pas de rampe d’accès pour un esprit pété en deux. Y a pas de stationnement réservé pour un cœur en miettes. Y a pas de téléthon pour des crises d’angoisse. Y a pas de chien guide pour une confiance chambranlante. On tient la porte à celui qui est en béquilles, mais on bouscule dans l’entrée celui qui est en crise existentielle. C’est comme ça, le p’tit côté animal qui reste en nous. La nature qui prend sa place, le fort qui mange le faible. J’ai été les deux, le fort et le faible. Là j’essaie d’être celui qui fait ses affaires tranquille. Ni lion, ni zèbre, plutôt hippopotame. Un hippo qui «chille» dans une flaque de bouette et qui mange son herbe tranquillos sur du Beach Boys.

C’est pas un cri du cœur naïf de «On devrait prendre soin de tout le monde égal! Sauver tout le monde! Arrêter de vivre jusqu’à tant que tout le monde vive d’amour et de hot yoga!» La responsabilité de la société pour les bobos de tous et chacun a ses limites. À un moment donné, faut se prendre en main. Personne veut aider des boulets. Faut se faire rouler tout seul un brin. Quand je dis que je les vois mieux qu’avant, c’est aussi que je vois mieux ma part de responsabilité, où mon pouvoir d’aider commence et s’arrête. Ce que je n’avais pas jadis. Je pouvais passer beaucoup de temps et d’énergie à vouloir aider, sauver quelqu’un. Mais maintenant que j’ai passé par d’la chnoute moi-même, je sais trop bien que même si y avait une rampe d’accès pour les esprit pétés, c’est quand même toi qui devrais la monter.

Sur une note plus légère… il me reste trois soirs seulement pour mon show Rupture présenté dans le cadre du Zoofest. 22, 23, 24 juillet. 22 h. Théâtre La Chapelle. Si tu veux entendre la voix du dude que tu lis… c’est ta chance. Zoofest.com Ciao, m’en va manger une sandwich à la crème glacée.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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