J’ai arrêté une bataille de filles

Photo: Getty Images/iStockphoto

Anecdote. L’autre jour, je marche sur le trottoir. Clopin-clopant, un DVD que je viens d’acheter dans les mains. Fait soleil. Je suis seul sur le trottoir quand j’arrive à la hauteur de deux filles. Une Blanche de 32 et une jeune Black de 24. (La mention de la couleur de la peau serait absente autrement, mais elle était la source du conflit.) Elles ont l’air de s’obstiner, j’en fais pas de cas, j’avance. Au moment où je les dépasse, j’entends : «Au moins, moi j’ai pas l’air de sucer des queues.» Oooh! Shit is about to go down!

Je me retourne. Ce jab verbal vient d’être lancé par la jeune Black. La Blanche fait un pas en avant, les deux s’agrippent par les bras. Not on my watch! J’arrive entre les deux comme un surveillant d’école secondaire, avec beaucoup, mais beaucoup trop de confiance et d’autorité pour l’inconnu que je suis, un DVD dans les mains. «Ben non. On arrête ça.» «Yo, elle m’a sauté dessus, monsieur.» «Elle m’a dit que je suçais des queues! Vous avez entendu.» La Black crache dans la face de l’autre. Là, ça devient dur de les calmer. Mais, fouille-moi, j’y arrive, même post crachage. Elles se lâchent. Je me retrouve entre les deux, aux premières loges, arbitre d’un échange absurde. Du tennis burlesque.

La jeune est crinquée, émotive, certaine que l’autre est raciste – ainsi que moi, Gino Chouinard, le père Noël et tout ce qui est couleur crème, saumon, blanc, beige; le yogourt grec, les Post-it, les stores, la mélamine et les courges spaghetti – et que l’autre, la blanche, l’a dévisagée, ce qui a lancé les hostilités. «Yo, madame. T’es raciste!!» «Je t’ai même pas parlé!» «Non, mais ton non-verbal parle beaucoup!!» Je me dis : «Si t’as voulu te pogner avec quelqu’un pour son non-verbal… prends pas le métro.» «Moi, raciste! Je suis plus Black que toi!» What? «T’es pas Black du tout, madame.» «Non mais (elle se pointe la tête), là, je le suis!» Je pense que, de ma vie c’est la chose la plus drôle que j’ai entendue. Une blonde de 32 ans, en leggings avec un sac sport, qui s’en va à son cours de Pilates crier dans face d’une jeune Black de 24 ans : «Dans ma tête je suis plus Black que toi!» Non, Gino Chouinard est plus Black que toi, madame.

Punch out, elle me dit dans l’oreille : «Je sais que ça a l’air fou! Mais je suis sûre que c’est un coup monté! Y’a une compagnie qui veut me nuire à ma job, ils l’ont engagée!» Hein? Rendu là, non seulement je prends pas plus pour un côté que l’autre, mais je me dis que je suis en présence de deux personnes dont la raison est partie en vacances nager avec des dauphins. Une pense que tout ce qui est crème est dans le KKK, et l’autre que la CIA engage des jeunes filles de 24 ans pour saboter sa carrière. Tsé, un après-midi tranquille.

La police a pris 20 minutes à arriver. Quand elle est arrivée, la job était faite, j’avais pas mal réglé le tout. Pas de plainte, pas de ticket, rien. Le DVD que j’avais dans les mains? Patch Adams. Appelez-moi Police Clown.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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