Grand Claus et petit Claus

Monte ta couverte à ton cou, je te raconte une histoire. C’est tiré des contes d’Andersen. Un énorme livre avec plus de 350 contes dedans. J’ai pris connaissance récemment de cette aventure que je vais te raconter. Tes pieds sont couverts? Good. Limitation de mots oblige, je vais t’en faire un résumé, mais très fidèle à l’histoire complète. Je commence. (Ouvre le livre avec poussières d’étoile et clochettes.)

Deux voisins, Grand Claus et Petit Claus, se font la guerre. En gros, un cheval se fait tuer à coup de masse dans le front, un vieux monsieur, un aubergiste, et un autre homme se font flouer et perdent beaucoup d’argent. Quatre autres chevaux se font tuer à coup de hache dans la face. Une vieille nourrice pré-morte se fait sacrer un coup de hache dans la face. Un vieil homme se fait «pitcher» dans la rivière dans un gros sac. Grand Claus finit lui aussi dans un sac au fond de la rivière, et Petit Claus, lui, finit plein de cash, ayant profité de chaque occasion qu’il avait pour flouer du monde, et finalement tuer son voisin. Fin.

La morale: «Si jamais t’as l’occasion de t’en mettre plein les poches, fonce, la chance sera de ton côté, et tout va s’arranger.»

Au début, je me suis dit: «Mais qui voudrait lire ça à son enfant?» Beau message! Puis, deux secondes après, j’ai allumé. C’est pas une histoire avec une morale, c’est une histoire avec un miroir. C’est pas un modèle, c’est un portrait. Reste que, je lirais jamais ça à mon enfant. Un cheval tué à coup de masse dans l’front! Un cadavre de vieille qui mange un coup de hache dans la face. Toy’s Story gone Tarantino.

Revenons à la morale, au portrait. Qui lit ça à son enfant? «Si tu peux t’en mettre plein les poches sans se soucier des autres, fonce!» Personne. Ou presque. Qui, par ses actions concrètes, donne cet exemple? J’opterais pour quelques personnes à la commission Charbonneau, aux Partis libéral, conservateur, québécois, plusieurs syndicats, corps policiers, commissions scolaires, pharmaciens, dépanneurs, avocats, artistes, dentistes, machinistes. Bref, un peu partout. Y’a des Petit Claus dans tous les secteurs. Partout.

C’est un temps parfait pour se fâcher en gang. Tout le bon monde se fait avoir, dans tous les secteurs. Policiers, pompiers, parents, artistes, profs, infirmières. Je ne me souviens pas avoir connu une situation où on était tous fâchés noir en même temps. C’est bien.

D’habitude, quand les artistes chialent sur leur condition, la population scande que les artistes chialent le ventre plein. Si la population va dans la rue, la police s’en mêle. Là, ce qui se passe est intéressant, parce qu’au lieu d’être tous montés les uns contre les autres… ça commence à se monter tous contre les Petits Claus. Policiers, pompiers, parents, artistes, cols bleus, cols blancs, cols roulés. Diviser pour mieux régner, ça devient difficile quand tout le monde se fait baiser égal.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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