Attention au mythe du momentum

Nous sommes à la période de l’année où journalistes et chroniqueurs de tout acabit affirment que les équipes doivent ABSOLUMENT terminer la saison en force si elles veulent connaître du succès en séries éliminatoires.

D’emblée, cela semble logique. Les formations qui jouent bien en fin de saison risquent fort de continuer sur cette lancée une fois les séries commencées.

Cependant, si ces équipes participent aux séries et ont une fiche positive dans les derniers matchs de la saison, cela veut probablement davantage dire qu’il s’agit d’équipes de qualité, qui ont bien joué durant la majorité de la saison. C’est donc pour cela qu’elles ont une chance d’avancer en séries, et non parce qu’elles sont poussées par une sorte de force magique créée par quelques bonnes performances en novembre et en décembre.

Ajoutons un peu de concret à tout cela. Les 20 formations qui ont participé aux 10 derniers Super Bowl (il est assez juste de qualifier de succès en séries une participation à la grande finale), ont terminé la saison régulière avec une fiche combinée de 240-79-1, pour un taux de victoire de 75 %. À leurs cinq derniers matchs réguliers, ces mêmes équipes ont affiché un dossier de 67-33, pour un taux de réussite de 67 %.

L’échantillon est plutôt petit et plusieurs équipes en bonne position peuvent décider de laisser leurs partants de côté pour le dernier match de la saison. Cependant, il est difficile d’affirmer qu’une bonne fin de saison est un prérequis pour bien faire durant les éliminatoires.

Nous avons d’ailleurs eu un exemple probant de cela au cours de la dernière campagne. Les Ravens de Baltimore ont perdu quatre de leurs cinq derniers duels avant d’entamer leur conquête du Super Bowl.

De l’autre côté, les Colts de 2008 ont remporté leurs neuf derniers matchs avant de s’incliner au premier tour devant les Chargers de San Diego. Ces mêmes Chargers (11 victoires pour terminer la saison), en 2009, et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre (8 victoires pour terminer la saison), en 2010, ont obtenu un congé au premier tour et ont été éliminés dès la ronde suivant.

Bref, comme les équipes ne s’affrontent qu’une seule fois en séries dans la NFL, les résultats peuvent être extrêmement surprenants, voir aléatoires. La meilleure équipe a un pourcentage de chance de gagner plus élevé, mais cela ne garantit rien, qu’elle ait connu une bonne fin de saison ou non.

Pas fort Jacksonville
Il n’y a pas si longtemps, les Jaguars de Jacksonville étaient les grands favoris pour obtenir le premier choix au prochain repêchage, qui sera fort probablement Teddy Bridgewater, quart de Louisville.

Cela n’est pas très glorieux, mais avoir la chance de mettre la main sur un joueur d’exception, particulièrement à la position de quart, peut changer une organisation totalement. Et si une équipe a besoin de ce genre d’amélioration, c’est bien les Jaguars.

La formation floridienne, qui a remporté quatre de ces cinq derniers matchs, a maintenant 0,4 % de chance de sélectionner la première, selon footballoutsiders.com. Non seulement les Jaguars sont incapables de connaître une saison respectable, ils ne sont même pas en mesure de perdre quand ça leur serait bénéfique.

Les Texans de Houston (66,5 %) ont maintenant le plus de chance de repêcher Bridgewater. S’ils remplacent Gary Kubiak par un bon entraîneur et si le jeune quart est compétent, les Texans pourraient passer de la pire équipe de la ligue en 2013 à une des meilleures en 2014.

Si la question du momentum au football vous intéresse, vous pouvez aller lire Brian Burke, de advancednflstats.com, Bill Barnwell, de grantland.com, le résumé d’une étude sur sciencedaily.com et une vidéo de Football Freakonomics, sur le site de la NFL.

Si, après avoir consulté tout cela, vous être encore convaincu de l’importance du momentum, voici quelque chose qui ne vous arrivera jamais.

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