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Des jeunes marqués par le chômage

Gang Of Teenagers Hanging Out In Urban Environment Photo: Getty Images/iStockphoto

Un jeune diplômé qui a connu plusieurs épisodes de chômage continuera à avoir de la difficulté à trouver un bon emploi.

C’est le résultat auquel parvient une étude réalisée par les chercheurs Harvey Krahn et Angela Chow, de l’université de l’Alberta. Ils ont suivi pendant 14 ans un groupe de 983 diplômés du secondaire afin de savoir si le chômage chez les jeunes laisse des séquelles sur la carrière par la suite.

Leur conclusion? Si un jeune diplômé expérimente plusieurs épisodes de chômage en début de carrière, ses revenus d’emploi à l’âge de 32 ans seront plus faibles que les revenus de ceux dont le parcours a été moins chaotique. De même, il occupera moins souvent que ses pairs un emploi de qualité, soit un emploi à temps plein qui offre des avantages sociaux et des possibilités de progression de carrière.

Tout se passe comme si le chômage récurrent durant la vingtaine les avait disqualifiés des meilleurs emplois. Il est donc possible pour un jeune d’être marqué par le chômage.Mais comment cela se peut-il?

Une explication possible est que le chômage récurrent conduit à une perte de confiance en soi, ce qui rend plus difficile d’obtenir un bon emploi. C’est une explication offerte souvent par les psychologues et par les conseillers et qui se vérifie chez les travailleurs mis à pied en milieu de carrière. Cependant, dans le cas des jeunes, il semble plutôt que ce soit le fait, en lui-même, d’avoir chômé souvent qui les exclut des meilleurs emplois.

Une autre explication pourrait être que, lorsqu’une personne chôme beaucoup, elle ne jouit pas des occasions qu’a une autre de développer ses talents et d’acquérir de l’expérience. Donc, le CV d’un candidat dans la jeune trentaine qui a connu plusieurs épisodes de chômage ne sera pas beaucoup plus intéressant que son CV à l’âge de 25 ans. Il est alors difficile de poser sa candidature pour un meilleur emploi et facile d’être confiné aux emplois de faible qualité.

Il est également possible, et il y a de plus en plus de raisons qu’il s’agisse de la meilleure explication, qu’un bon nombre d’employeurs évitent d’embaucher les chômeurs, jeunes et moins jeunes. Le chômage récurrent serait pour eux le signe qu’un candidat n’est pas fiable ou qu’il n’est pas compétent. Au contraire, un candidat au parcours linéaire, qui est passé rapidement et sans arrêt d’un emploi ou d’une position à l’autre, aura à leurs yeux plus de chances de satisfaire aux exigences d’un poste.

Il s’agit là de résultats troublants. Ils indiquent que notre marché du travail est en train de se casser en deux groupes, un premier formé de ceux qui accèdent rapidement à des emplois de qualité et un autre qui demeure cantonné dans des emplois précaires, mal rémunérés, pour qui le chômage est une expérience récurrente. Est-ce ce que nous voulons pour les jeunes qui sortent des écoles?

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