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L’ancienneté garantit-elle la compétence ?

Les jeunes dénoncent souvent le critère de l’ancienneté pour l’attribution des postes, mais l’évaluation des compétences, comme ils le suggèrent, ne jouerait pas en leur faveur.

Le congrès de l’aile jeunesse du Parti libéral du Québec aura lieu en fin de semaine, les 13 et 14 août. Cette année, la réorganisation du travail est au cœur des préoccupations de ces jeunes, qui viennent d’annoncer leur remise en cause du principe syndical de l’ancienneté.

Comme on le sait, dans la fonction publique et les autres organisations syndiquées, l’an­­­cien­neté – ou le nombre d’années passées à travailler pour cette organisation – est le critère principal par lequel on détermine l’avancement à un poste plus intéressant ou mieux rémunéré. Une étude menée en 2014 a montré qu’au Québec, où le taux de syndicalisation est le plus élevé en Amérique du Nord 
(39,5 %), le critère de l’ancienneté est utilisé plus fréquemment par les employeurs que dans les autres provinces canadiennes. Les jeunes libéraux désirent qu’une évaluation des compétences pour le poste prime à l’avenir sur l’ancienneté, ce qui semble plus fréquent ailleurs au Canada.

Ce débat est récurrent et date du début même du mouvement syndical. Le principe de l’ancienneté a permis d’éviter le remplacement systématique des travailleurs plus âgés par les jeunes, une pratique autrefois courante mais jugée discriminatoire et arbitraire par les syndicats. Néanmoins, pour les jeunes souvent plus scolarisés que les travailleurs plus âgés, l’ancienneté signifie l’exclusion de postes intéressants où ils pourraient mettre leur savoir en application. Ce conflit explique en partie la faible popularité du mouvement syndical parmi bien des jeunes au cours des dernières années.

Or, remplacer le principe de l’ancienneté par une évaluation des compétences ne favoriserait pas nécessairement les jeunes et les nouveaux diplômés. D’abord, le fait que les jeunes soient plus scolarisés et aient acquis de nombreuses connaissances pertinentes n’est pas une garantie qu’ils soient plus compétents pour un poste donné. Ensuite, l’expérience et l’ancienneté ont en commun qu’elles augmentent avec le temps ; l’expérience d’un travailleur plus âgé demeurera toujours une partie essentielle de sa compétence pour un poste. Cette expérience est souvent jugée plus importante par les employeurs que les savoirs.

Néanmoins, les jeunes libéraux ont raison de raviver ce vieux débat, car la notion même de compétence pour un poste change. Lorsque j’étais jeune, on disait qu’une personne était compétente simplement si elle pouvait accomplir les tâches associées à son emploi. Aujourd’hui, les employeurs désirent bien plus que cette simple habileté de base. Ils recherchent aussi des compétences cognitives de niveau supérieur, notamment l’esprit critique, la capacité d’analyser l’information et les habiletés de communication orale et écrite. Il semble aussi que les compétences psychosociales font souvent la différence entre le succès et l’échec à bien des postes. Les employeurs recherchent entre autres un bon degré 
d’intelligence émotionnelle, l’ouverture au changement et une forte tolérance au stress.

L’ancienneté ne garantit en rien l’acquisition de ces nouvelles compétences, mais attention : comme elles ne sont pas nécessairement transmises par notre système d’éducation, les jeunes ne les possèdent pas forcément eux non plus. Il y a donc toute une réflexion à faire sur leur acquisition d’abord et leur évaluation ensuite.

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