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Un salaire minimum à 22$

Si le salaire minimum était lié à l’augmentation de la productivité, il serait probablement le double de ce qu’il est actuellement.

À l’occasion du Forum social mondial, qui s’est terminé vendredi dernier, l’investisseur Alexandre Taillefer en a surpris certains en proposant l’augmentation du salaire minimum de 10,75 $ à 15 $ l’heure, une mesure prônée habituellement par les groupes sociaux et les syndicats et non par les hommes d’affaires.

Selon M. Taillefer, un salaire minimum décent devrait permettre de vivre au-dessus du seuil de la pauvreté. Or, ce seuil est de 23 800 $ par année pour une personne seule, alors que le revenu annuel d’un travailleur à temps plein au salaire minimum est de 21 500 $. Les syndicats et d’autres acteurs sociaux discutent de la création d’une coalition pour un salaire minimum de 15 $ l’heure en ce moment, histoire d’assurer un revenu décent à tous.

Interrogé à ce sujet lors du congrès des jeunes libéraux, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a jugé arbitraire le seuil de 15 $, déclarant qu’on devrait plutôt maintenir le salaire minimum en juste proportion avec le salaire médian québécois.

Comme on le sait, une grande part des travailleurs payés au salaire minimum sont des jeunes, souvent des diplômés (voir la chronique du 19 juillet 2016). Le niveau du salaire minimum les touche donc davantage. Ce sont eux qu’on garde sous le seuil de la pauvreté en s’assurant qu’il n’augmente pas plus vite que l’ensemble des salaires.

Nous produisons plus de richesse que jamais, mais nos salaires ont plafonné à leur niveau d’il y a 50 ans.

Pourquoi, de toute façon, utiliser la croissance du salaire médian pour établir le bon seuil de salaire minimum? Un autre barème, la productivité, pourrait être employé, permettant une plus grande justice sociale.

Des études récentes ont montré qu’aux États-Unis, si le salaire minimum avait augmenté au même rythme que la productivité des travailleurs, il ne serait pas de 15 $, mais bien de 22 $ ou 23 $ l’heure. C’est que, depuis les années 1960, la productivité (la capacité de produire plus avec moins de ressources) a fortement augmenté chez nos voisins du sud, créant énormément de richesse. Pourtant, le salaire minimum n’a que très peu augmenté, n’ayant atteint que récemment 10 $ ou 13 $ dans certains États. Les travailleurs à faible revenu ne sont pas donc rémunérés à la hauteur de la richesse qu’ils produisent.

On observe le même phénomène au Canada, malgré que l’augmentation de la productivité n’ait pas été aussi importante. À partir des années 1960, une fois l’inflation prise en compte, nos salaires ont commencé à plafonner, alors que la productivité du travail augmentait constamment. Nos travailleurs produisent donc plus de richesse que jamais, mais reçoivent une rémunération similaire à celle des employés d’il y a 50 ans.

La rémunération des travailleurs est notre outil principal de redistribution de la richesse. Son augmentation doit donc refléter la valeur grandissante de notre travail, au risque autrement d’encourager un sentiment d’injustice ou d’exploitation.

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