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Les experts universitaires n’ont plus la cote

Businessman sitting on a chair and studying math formulas on blackboard Photo: Getty Images/iStockphoto

Il faut des années de travail acharné pour devenir un véritable expert. Pourtant, nous ignorons souvent l’opinion de ceux qui sont parvenus à le faire.

Ce dédain de l’opinion des experts s’observe partout sur la scène internationale. Durant la campagne présidentielle, Donald Trump a proposé plusieurs solutions qui semblent complètement farfelues à ceux qui comprennent la nature des problèmes. L’exemple le mieux connu est son fameux mur le long de la frontière mexicaine, qui, selon lui, mettrait fin à l’immigration illégale. Or, ceux qui connaissent la dynamique de l’immigration vous expliqueront en long et en large que ce mur ne pourra pas arrêter les illégaux déterminés. Et on ne parle pas des coûts énormes associés non seulement à sa construction, mais aussi à son maintien.

Lors du vote du Brexit, la grande majorité des experts ont averti le public britannique que quitter l’Union européenne (EU) présentait beaucoup plus de désavantages que de bénéfices, car l’économie du Royaume-Uni était devenue très liée à celle de l’Europe. Pourtant, leurs voix ont été ignorées, au profit du discours souvent xénophobe de l’UKIP, et le Royaume-Uni ne fera plus partie de l’EU dans deux ans.

Au Canada, le gouvernement Harper a souvent fait fi des rapports d’experts qui lui étaient soumis, particulièrement dans les domaines de la gestion des pêches et des changements climatiques. C’est ce même mépris qui l’a amené à limiter les activités de Statistique Canada, particulièrement en réduisant la portée des recensements. Le gouvernement Trudeau, heureusement, a déjà démontré qu’il comprenait l’importance de l’expertise.

Pourquoi n’écoutons-nous pas nos experts alors qu’ils passent des années à comprendre les problèmes qui nous préoccupent et à chercher des solutions?

Pourquoi n’écoutons-nous plus nos experts? Ils passent des années à acquérir leurs compétences, d’abord par le moyen de longues études avancées, ensuite par la recherche et le développement des connaissances et des méthodes qui permettront d’affronter les problèmes qui nous concernent tous. Pourtant, nous traitons leurs opinions comme si elles n’avaient pas plus de poids que celle de n’importe qui d’autre.

Il fut une époque, pas si lointaine, où nous croyions que l’expertise nous indiquerait la voie du progrès économique et social. La Révolution tranquille, au Québec, est en bonne partie le fruit de la réflexion des nouveaux experts laïcs qui ont proposé les politiques modernes. Depuis, malgré tous leurs efforts, les experts qui sortent de nos universités n’ont jamais réussi à nous convaincre tout à fait de la valeur de leurs analyses ou de leurs recommandations. Leur incapacité à expliquer ou à prévoir certains événements, par exemple la crise de 2008, a porté un coup dur à leur crédibilité.

Malheureusement, tout ce que nous avons trouvé pour remplacer l’expertise est le «gros bon sens». Autrement dit, rien du tout. Dans une société diversifiée, le bon sens des uns peut être fort différent du bon sens des autres. Il ne peut donc nous servir de guide.

Pour acquérir une expertise aujourd’hui, il faut être un peu missionnaire. Il faut convaincre les autres que les efforts nécessaires au développement de celle-ci en valent la peine. Car au bout du compte, l’expertise est tout ce que nous avons.

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