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Le retour au paradis

Photo: Archives Métro

«Le paradis terrestre est où je suis.» – Voltaire

Mercredi dernier, lors du We Day Rally à Ottawa, Justin Trudeau a suggéré que les Américains ont élu Donald Trump président parce qu’ils se sentent exclus de la «prospérité» dont jouit l’Amérique. En effet, de nombreux Américains, surtout dans les États industriels, ont de la difficulté à trouver et à conserver un emploi stable et bien payé; le type d’emploi qui permettait à leurs parents de faire vivre leur famille et de faire partie de la classe moyenne.

«Tout le monde désire une chance de réussir», a renchéri le premier ministre. Il a souligné son intention de coopérer avec le nouveau président afin d’offrir cette chance aux citoyens des deux pays.

Ces propos semblent contredire ceux que le ministre des Finances, Bill Morneau, et lui-même ont tenus en octobre, alors qu’ils expliquaient que le marché du travail canadien demeurera difficile et que les jeunes devront s’habituer à des périodes de chômage et à des emplois précaires. Ces propos leur ont valu de nombreuses critiques, et M. Trudeau a été hué lors du Sommet des jeunes travailleurs et travailleuses, le 25 octobre dernier. Pour les jeunes qui étaient sur place, le chômage et la précarité ne sont pas des gages de réussite. Ils désirent des emplois stables.

Donc, des deux côtés de la frontière, jeunes et moins jeunes regrettent et idéalisent le marché de l’emploi d’antan, celui qui a caractérisé les Trente Glorieuses, cette période de croissance économique intense ayant eu lieu de 1945 à 1975. C’était le paradis, non? Le plein emploi ou presque, des salaires qui augmentaient régulièrement et qui permettaient au travailleur moyen de gagner suffisamment pour subvenir aux besoins d’une famille de quatre personnes.

Malheureusement, on nous a jetés à la porte du paradis et, comme dans la Bible, il est inutile d’espérer y retourner. C’est là une vérité que Donald Trump n’a pas encore comprise non plus, lui qui a fait tant de belles promesses pour créer de l’emploi: rapatriement des manufactures, renégociation des accords commerciaux, imposition de tarifs douaniers, ouverture des usines de charbon productrices d’électricité…

Ce sont là de vieilles solutions qui auraient fonctionné durant les Trente Glorieuses, mais qui ne correspondent pas aux défis actuels : une croissance économique faible qui crée trop peu de bons emplois et l’implantation de technologies qui remplacent le travail humain.

M. Trump ne sait pas comment faire face à ces défis et propose donc plutôt l’impossible retour au paradis. À sa défense, on peut dire que personne ne sait comment faire de toute façon, y compris Justin Trudeau.

Nous devrons pourtant trouver des solutions un beau jour, car c’est nous qui devrons inventer notre propre paradis, un nouveau marché du travail où nous pourrons tous réussir, mais d’une façon différente de  nos parents.

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