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Étudier malgré l’incertitude

College students using laptop while sitting at table. Group study for school assignment. Photo: Métro

Le nombre de jeunes qui fréquentent le cégep ou l’université augmente de façon constante, alors que l’incertitude s’accroît sur le marché de l’emploi.

Selon Statistique Canada, en 2001, 52,6% des jeunes Canadiens de 19 ans étaient inscrits dans un établissement de formation, alors qu’en 2014, c’était le cas de 63,8% d’entre eux. L’augmentation des inscriptions peut d’ailleurs être observée chez tous les jeunes de 19 ans, qu’ils proviennent de familles aisées ou pauvres. Néanmoins, au sein des 20% de familles dont les revenus sont les plus faibles, les inscriptions des jeunes ont augmenté de façon plus importante. Le nombre de ces jeunes inscrits à une formation collégiale ou universitaire a augmenté de 25% de 2001 à 2014. L’augmentation n’a été que de 8,6% pour les jeunes provenant des 20% de familles aux revenus les plus élevés. Bien que ce phénomène s’observe partout au Canada, il est plus marqué dans les provinces maritimes, en Ontario et au Québec.

Plusieurs se réjouiront de ces avancées. Comme les emplois de l’avenir exigeront une main-d’œuvre plus instruite, il est de bon augure que le nombre de jeunes qui poursuivent leurs études après la fin du secondaire augmente. Pendant des années, nous avons d’ailleurs encouragé les jeunes à persévérer dans leurs études, et ces chiffres montrent qu’un bon nombre d’entre eux ont compris le message. Le fait que ces jeunes proviennent plus souvent qu’auparavant de familles dont les revenus sont fort modestes représente aussi une petite victoire pour ceux qui défendent la démocratisation de l’accès aux études.

Toutefois, n’oublions pas que les jeunes provenant du groupe des 20% de familles les mieux nanties sont toujours majoritaires au collège et à l’université. Ils représentent en effet 78,7% des inscriptions. Cette disproportion montre qu’il y a bien du chemin à parcourir avant que l’accès aux études soit le même pour tous.

L’augmentation des inscriptions s’inscrit malheureusement sur un fond de grande incertitude pour l’avenir des jeunes. Leur taux de chômage, à 12,7% présentement, est environ le double de celui des autres travailleurs. Selon la plupart des études sur le sujet, environ un jeune travailleur sur trois occupe un emploi pour lequel il est surscolarisé. La diminution du nombre d’emplois salariés réduit également leur chance d’occuper un emploi stable, avec comme résultat qu’ils sont nombreux parmi les pigistes et sont donc dépourvus de toute sécurité.

Par ailleurs, alors que plusieurs de leurs aînés seront déjà partis à la retraite, ce sont eux qui devront faire face aux effets dévastateurs de l’automatisation sur le nombre et la qualité des emplois au cours des 20 prochaines années.

Les formations collégiales et universitaires ne permettent pas de se prémunir contre ces changements. Elles ont été conçues pour une autre économie, celle de l’après-guerre et, au Québec, de la Révolution tranquille. Des économies dont la croissance permettait une création d’emploi suffisante et au sein desquelles les jeunes pouvaient espérer un bel avenir. Elles n’ont pas été conçues pour l’incertitude de la nouvelle économie de la pige. Pourtant, les jeunes les investissent davantage, car, au fond, que faire d’autre?

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