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La formation professionnelle se trompe de cible

Student sawing in wood shop class Photo: Getty Images

S’il est douteux qu’on puisse attirer suffisamment de jeunes en formation professionnelle, de beaux modèles existent pour recruter d’autres clientèles.

Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, vient d’annoncer la tenue d’une consultation sur la formation professionnelle. Encore!

Plus une année ne passe sans que les employeurs se plaignent de manquer de main-d’œuvre qualifiée. Il leur faut des soudeurs, des machinistes, des électromécaniciens, des spécialistes de la fabrication, etc. Or, les formations professionnelles pertinentes ne réussissent jamais à attirer une clientèle suffisante pour répondre à leurs besoins. Cela dure maintenant depuis des décennies.
Il faut agir, mais personne ne semble savoir quoi faire. On multiplie plutôt les consultations et autres occasions de discuter du problème. Ça donne l’impression que le gouvernement fait quelque chose. Au fil des ans, le diagnostic a pourtant été posé clairement, et il est douteux qu’une autre consultation apportera un éclairage nouveau.

Idéalement, ce sont les jeunes qu’on aimerait attirer dans ces formations professionnelles, question de renouveler une main-d’œuvre vieillissante. Cela dit, peu d’entre eux aspirent à travailler dans une usine, un atelier, une manufacture ou tout autre endroit où œuvrent les diplômés de ces formations. Lorsque je demandais à mes jeunes clients dans quel environnement ils désiraient travailler, ils répondaient quasi unanimement ceci : dans un bureau, dans un hôpital, dans une école. Bref, à des endroits propres et confortables.

Les jeunes, tout comme leurs parents d’ailleurs, désirent pouvoir se vanter de leur nouvelle carrière. C’est plus cool d’étudier en santé ou en administration que d’étudier la plomberie ou la menuiserie. Pourtant, bien des diplômés de la formation professionnelle poursuivent de belles carrières dont ils ont raison d’être fiers. Plusieurs évoluent vers des postes de gestion ou démarrent des entreprises et gagnent bien mieux leur vie que bien des universitaires qui vivotent.

Pourra-t-on un jour attirer suffisamment de jeunes dans les formations professionnelles? J’en doute. Pour les garder sur les bancs d’école, parents, conseillers et enseignants leur vendent une version du bonheur en emploi qui exclut ces formations et les métiers auxquels celles-ci conduisent. Tant que ce sera le cas, nous nuirons à ceux d’entre eux qui pourraient y trouver chaussure à leur pied. Heureusement, il y a d’autres clientèles que les jeunes, par exemple les immigrants, les chômeurs et même des diplômés universitaires qui recherchent une formation plus pratique. Il faudra cependant que les employeurs déploient des efforts pour attirer et former ces clientèles, mais des modèles prometteurs existent.

Ainsi, dans la Beauce toujours ingénieuse, employeurs, centres de formation et gouvernement collaborent dans une variété d’approches : recrutement inspiré du speed dating, formations partagées entre l’entreprise et l’école avec rémunération, recrutement à l’étranger pour des formations clés, etc.

Au lieu de lancer une autre consultation, ouvrons plutôt un chantier pour recenser les pratiques innovantes qui existent déjà et qui peuvent augmenter l’offre de main d’œuvre-qualifiée.

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