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Diplômés pris dans un étau

Photo: Métro

Au Canada, trop de diplômés jonglent avec des frais de scolarité élevés et des emplois mal rémunérés. Portrait de ce phénomène au Québec.

Le Centre canadien de politiques alternatives a mis en ligne la semaine dernière un outil interactif qui permet de comparer les frais de scolarité universitaires dans les différentes provinces canadiennes (apps.policyalternatives.ca).

On y apprend que, malgré la croyance populaire, les frais de scolarité au Québec ne sont pas les plus faibles au pays. Cet honneur revient plutôt à Terre-Neuve, qui a fait de nombreux efforts au cours des années pour les réduire. Ils y sont aujourd’hui de 2644$ par année. Le Québec vient au second rang, avec des frais annuels de 2653$.

L’Ontario est la province où les frais de scolarité sont les plus élevés. Il en coûte en moyenne 7259$ par année pour y étudier. De plus, certains programmes sont plus dispendieux que d’autres. Pour étudier en médecine, par exemple, les frais de scolarité annuels peuvent atteindre les 12 000$! Les études de droit peuvent aussi être très chères, la facture s’élevant souvent à 10 000$! Rappelons qu’au Québec, les frais ne varient pas d’un programme à l’autre.

Pour payer ces frais élevés, de plus en plus d’étudiants canadiens doivent s’endetter. Or, selon Statistique Canada, après leurs études, 18% d’entre eux occupent des emplois mal rémunérés, qui ne nécessitent pas de formation universitaire. Ces étudiants sont donc coincés entre leur dette scolaire élevée (la moyenne est de 27 000$, mais certains doivent 40 000$ ou plus) et leur faible niveau de rémunération. C’est cet étau qui explique que 51% des diplômés canadiens vivent chez leurs parents, une façon pour eux de s’adapter à leur situation contraignante.

Heureusement, ce phénomène n’est pas aussi alarmant au Québec. La proportion de diplômés qui occupent des emplois surqualifiés y est sensiblement la même que dans le reste du Canada, mais comme nos frais de scolarité sont parmi les plus faibles, le niveau d’endettement de nos jeunes diplômés est également moins élevé. Selon une estimation de la Banque de Montréal, il est deux fois moindre que celui des diplômés des autres provinces.

C’est bien entendu le résultat du gel des frais de scolarité, de la Révolution tranquille jusqu’en 2007, alors que le ministre Bachand les augmentait de 100$ par année. Comme on le sait, tous les autres efforts pour les augmenter davantage se sont heurtés à une opposition farouche des étudiants. Durant la campagne, les libéraux de Philippe Couillard ont annoncé que les frais seraient bientôt indexés à l’inflation, ce qui signifie une augmentation de 3% par année, une mesure déjà annoncée par le gouvernement du Parti québécois.

Si cette augmentation peut sembler raisonnable, voire inévitable, surtout lorsque les universités sont affamées, la circonspection s’impose, car, comme l’illustre l’exemple canadien, trop augmenter les frais peut nuire à l’émancipation de toute une génération.

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