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Les employeurs doivent former davantage

Photo: Métro

Les employeurs canadiens veulent des employés prêts à l’emploi dès le premier jour et négligent ainsi la formation.

Le ministre de l’Emploi et du Développement social, Jason Kenney, a créé une surprise lors d’une conférence devant un regroupement d’employeurs la semaine dernière. Il leur a demandé de cesser de dépendre exclusivement des établissements d’enseignement et de former eux-mêmes leurs employés selon leurs besoins.

Les employeurs réclamaient plutôt que le ministre rétablisse le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTEP), qui leur permet d’embaucher une main-d’œuvre hors frontières pour combler leurs besoins. Or, selon le ministre, plusieurs de ces besoins pourraient être comblés par des travailleurs canadiens si les employeurs investissaient davantage pour les former.

Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer que les employeurs font peu de formation de nos jours. Certains croient que ce n’est pas leur rôle et que les établissements d’enseignement devraient leur fournir des diplômés prêts à l’emploi. Ils désirent des employés déjà pleinement qualifiés qui se montreront performants dès la première journée. Dans un climat de forte compétition, les exigences de la gestion d’entreprise semblent d’ailleurs leur laisser peu de temps pour la formation. De nombreux employeurs ont donc adopté la position que la formation, ou l’acquisition de la qualification pour leurs emplois, est la responsabilité unique des travailleurs.

Chose certaine, en formation continue, le Canada est depuis des années à la traîne comparé aux autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Parmi les pays membres de l’OCDE, en moyenne, un travailleur participera à 715 heures de formation liées à son travail durant sa carrière. Les travailleurs de certains pays, comme le Danemark, l’Allemagne et l’Autriche auront accès à 1000 ou même 1500 heures de formation. Au Canada, le même travailleur n’aura accès qu’à 500 heures durant toute sa vie au travail.

Il est possible que, pour certains postes, il ne soit pas raisonnable de demander aux employeurs d’assumer la formation complète de nouveaux employés. Dans une autre chronique, j’ai donné comme exemple les chefs de cuisine de haut niveau. Néanmoins, le ministre Kenney a raison de penser que le premier réflexe des employeurs devrait être de former la main-d’œuvre locale chaque fois que c’est possible, au lieu de l’éviter comme cela semble être maintenant le cas.

Cela est d’autant plus important que deux tendances augmenteront les besoins de formation continue. D’abord, le nombre de personnes en emploi diminuera au cours des prochaines années, ce qui signifie que les employés devront avoir des qualifications plus variées. De même, la montée des technologies en amènera plusieurs à augmenter leurs compétences.

Les établissements de formation collaboreront et plusieurs d’entre eux améliorent déjà leur offre de formation continue. Il n’en demeure pas moins que, pour bon nombre de leurs postes, les employeurs devront faire de la formation des travailleurs une priorité.

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