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La grande cassure du marché du travail

Photo: Métro

Au cours des 25 dernières années, le marché du travail s’est divisé entre les nantis et les temporaires. La formation peut-elle y changer quelque chose?

Selon l’indice de la qualité de l’emploi, produit par la Banque CBIC, les emplois bien rémunérés sont de plus en plus rares.
En effet, depuis 1988, le nombre d’emplois à temps partiel, donc moins payés, augmente beaucoup plus vite que celui des emplois à temps plein. Durant cette période, environ trois emplois à temps partiel ont été créés pour chaque nouvel emploi à temps plein.
De même, les travailleurs autonomes sont de plus en plus nombreux. Bien qu’ils soient souvent moins rémunérés que les salariés, ils ont augmenté d’environ 60% depuis 1988. Le nombre de salariés n’a crû que de 40%.

Finalement, la CBIC note que, depuis 1988, ce sont les secteurs d’activité où les salaires sont les plus faibles qui embauchent le plus grand nombre de salariés. Le rythme d’embauche a été deux fois plus élevé dans les secteurs où les salaires sont bas (tourisme, services aux individus, etc.) que dans les secteurs où les salaires sont plus importants (secteur manufacturier, services professionnels, etc.).

Dans l’ensemble, le nombre d’emplois qui assurent un salaire que la plupart d’entre nous considéreraient comme décent a diminué de 15% depuis 1988. Pire, la CIBC souligne que presque tous les gains salariaux ont été enregistrés dans les secteurs d’activité où la rémunération était déjà élevée, alors que les salaires dans les autres secteurs ont très peu augmenté en 25 ans.

Il y a déjà plusieurs années que des analystes nous préviennent que le marché du travail se brise progressivement en deux groupes: les nantis, occupant des postes offrant une bonne rémunération qui augmente avec le temps, et les temporaires, qui occupent des postes mal payés et dont les revenus d’emploi stagnent. Non seulement ces chiffres indiquent-ils qu’on en est maintenant là, mais la CBIC conclut qu’il est prévisible que la situation s’aggrave au cours des prochaines années.

Nos gouvernements ont souvent de la difficulté à admettre cette cassure entre nantis et temporaires au sein du marché de l’emploi. Ils feront plutôt valoir que le taux de chômage est relativement bas, bien que le nombre de travailleurs mal rémunérés n’a aucune incidence sur celui-ci. Ils aiment aussi nous dire que nous nous devons d’augmenter nos compétences si nous voulons un bon emploi et nous proposent de suivre des formations ou des perfectionnements.

Mais rien ne peut remplacer la création d’emplois bien rémunérés. Pour que les diplômés bien formés puissent utiliser leurs compétences, il faut des emplois prêts à les recevoir. La formation ne crée pas l’emploi; elle suppose que l’emploi existe déjà et prépare les futurs travailleurs à l’occuper. C’est tout.

Évidemment, certains programmes d’études permettent mieux que d’autres d’accéder à des emplois au sein du groupe des nantis. Encore une fois, il s’agit souvent de formations avancées à caractère professionnel dont les débouchés sur le marché du travail sont faciles à déterminer.

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