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Les universités refusent d’être évaluées

hnads of students Photo: Métro

Nos universités refusent que l’OCDE évalue la qualité des apprentissages de leurs diplômés. De quoi ont-elles peur?

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) annonçait la semaine dernière qu’elle pourrait abandonner son projet d’évaluer les compétences des nouveaux diplômés universitaires.

Le projet, nommé AHELO (pour Assessment of Higher Education Learning Outcomes), avait pour but de mesurer la qualité des apprentissages des diplômés des 17 pays membres de l’organisation, de même que leur préparation au marché du travail. L’outil d’évaluation aurait permis d’examiner leurs habiletés transférables, telles que le raisonnement analytique, la résolution des problèmes et la communication écrite, de même que certaines connaissances propres à leur domaine d’études.

Le projet avait commencé en 2010 et, après avoir réalisé un essai, l’OCDE s’apprêtait à entamer la collecte de données principale. Mais voici que nos universités contestent. Dans une lettre transmise à l’OCDE au mois de mai, Universités Canada lui demande de réviser le projet de façon à ce que chaque établissement universitaire puisse avoir sa propre définition des apprentissages désirés et sa propre méthode d’évaluation. Les universités américaines se sont jointes à cette requête.

Évidemment, il ne sert à rien d’avoir un projet international d’évaluation des apprentissages universitaires si chaque université ne se soumet pas à une définition commune des apprentissages désirés et n’adopte pas une méthode unique pour les mesurer. Il serait impossible (des universitaires devraient savoir cela) de comparer les données provenant des divers établissements. Le projet est donc sur la glace, au grand désarroi de l’OCDE, qui accuse les universités de corporatisme.

Nos universités ont-elles donc peur de ce qu’une analyse indépendante de la qualité des apprentissages révélerait? Il le semble! Depuis plusieurs années, la qualité de la formation universitaire est fréquemment remise en question, et pour cause! Des pratiques communes au sein des universités ne favorisent pas du tout la qualité des apprentissages.

D’abord, l’enseignement de premier cycle est assumé par un nombre grandissant de chargés de cours, qui sont embauchés à la dernière minute et manquent cruellement de temps pour préparer leur enseignement. Il en résulte des cours dont les contenus sont dilués et réduits aux apprentissages minimaux. De plus, il leur est souvent impossible d’offrir un soutien personnalisé aux étudiants qui en ont besoin, car ils ont souvent un autre emploi en dehors du campus.

L’inflation des notes est un autre indice de la pauvre qualité des apprentissages. Trop d’étudiants reçoivent une bonne note, même s’ils n’ont pas répondu aux exigences du cours. À une époque pas si reculée, obtenir un C pour un cours était un phénomène normal. Aujourd’hui, il semble que tout le monde reçoive un A, peu importe ce qu’on a appris ou pas.

Le résultat? Trop de diplômés n’ont en fait pas appris grand-chose à la fin de leurs études et sont mal préparés au marché du travail; et il ne faudrait pas, malheur, que le projet de l’OCDE nous permette de nous en rendre compte.

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