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Éviter un autre St-Hubert grâce à la formation

Businesspeople Looking over Notes Photo: Métro

Les Rôtisseries St-Hubert, un fleuron de la restauration québécoise, ont été perdus par manque de relève entrepreneuriale. Pouvons-nous éviter des pertes semblables en formant de nouveaux entrepreneurs?

Tout le Québec a paru ébahi d’apprendre, la semaine dernière, que son poulet barbecue favori, le St-Hubert, allait devenir ontarien. Les Rôtisseries St-Hubert ont été vendues pour la modeste somme de 537 M$ à l’entreprise ontarienne Cara, qui était déjà propriétaire du compétiteur Swiss Chalet, entre autres.

Ce genre de nouvelle n’attire pas normalement mon attention, mais cette fois-ci, je m’y suis attardé, à cause de la raison pour laquelle St-Hubert n’est plus une entreprise québécoise. Voyez-vous, les propriétaires de cette entreprise l’ont vendue parce que personne au Québec ne pouvait prendre la relève pour en assurer la direction. Un problème auquel plusieurs autres entreprises québécoises feront face au cours des 10 prochaines années.

En effet, selon une étude conjointe du Fonds de solidarité FTQ et de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, entre 5 700 et 10 000 entreprises québécoises verront leur propriétaire ou leur dirigeant prendre sa retraite dans la prochaine décennie. Ces entreprises devront donc se trouver un nouveau propriétaire, sans quoi elles risquent de fermer leurs portes, ce qui causerait la perte d’entre 79 000 et 139 000 emplois, ainsi qu’une diminution de l’activité économique qu’on évalue dans l’étude à un montant variant entre 8 et 12 G$.

Or, très peu de ces entreprises ont une relève à qui passer le flambeau. Pour remplacer les dirigeants qui partent, il faudrait que quelque 50 000 Québécoises et Québécois soient prêts à racheter ces entreprises et à en assumer la gestion. C’est énorme, et la ministre québécoise de l’Économie, Dominique Anglade, se demandait récemment où on pourrait trouver autant de nouveaux entrepreneurs. Une expression a même été inventée pour décrire ce problème, la crise du «repreneuriat».

Est-il possible de former les nouveaux entrepreneurs (ou «repreneurs») nécessaires? Jusqu’à maintenant, peu de programmes de formation des entrepreneurs se sont montrés vraiment efficaces. Une enquête américaine, dans le cadre de laquelle on a interrogé des professeurs en entrepreneuriat sur les lacunes des formations, conclut que plusieurs d’entre elles sont trop théoriques, alors que démarrer une entreprise s’apprend plutôt dans l’action, souvent par essais et erreurs. Les professeurs interrogés ont également souligné qu’une grande détermination et une certaine dose de courage sont nécessaires pour démarrer ou reprendre une entreprise.

Au Québec, le passage immédiat à l’action et la nécessité de procéder par essais et erreurs sont déjà au cœur du modèle de formation de l’École d’entrepreneurship de Beauce (EEB). Cette école associe le nouvel entrepreneur avec un formateur d’expérience, de façon à ce qu’ils établissent une relation semblable à celle d’un compagnon avec son apprenti, une approche endossée par les répondants de l’enquête américaine. Au cours des cinq dernières années, 500 étudiants ont reçu un encadrement de deux ans et demi qui leur a permis de réussir leur projet d’entreprise.

Le modèle de l’EEB est donc un succès qui peut grandement réduire l’impact de la crise du «repreneuriat». Mais aucune formation ne pourra remplacer le désir et l’ambition d’entreprendre, et c’est malheureusement ce qui semble nous manquer le plus.

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