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Augmenter encore le salaire minimum

Graduation Photo: Métro

Comment s’attendre à ce que la plupart des diplômés trouvent un emploi bien rémunéré si un emploi sur cinq offre un salaire très bas?

Le 1er mai, c’était la Fête des travailleurs. Comme on le fait au Québec depuis 2002 déjà, c’était aussi l’occasion d’une légère augmentation du salaire minimum, qui atteint maintenant de 10,75 $ l’heure.

Or, plusieurs pensent que ce minimum est encore trop bas. C’est le cas, par exemple, de Québec solidaire, qui milite pour que le salaire minimum soit fixé à 15 $ l’heure. La formation politique s’inspire de l’État de New York, qui a promis d’imposer une telle rémunération minimale d’ici 2018, et de la Californie, qui prévoit l’instaurer d’ici 2022. Comme un salaire plus élevé se traduit normalement par une augmentation du pouvoir d’achat, on croit qu’augmenter le salaire minimum devrait mousser l’économie.

D’autres, comme la Fédération des entreprises indépendantes (FCEI), s’opposent à une augmentation trop brusque du salaire minimum. Selon ces opposants, les entreprises de service, comme celles qui œuvrent dans la restauration, l’hébergement et la vente au détail, des domaines qui embauchent la majorité des travailleurs à bas salaire, auront de la difficulté à faire face à une augmentation aussi soudaine et importante de leurs coûts. Il ne leur sera pas toujours possible d’augmenter leurs prix pour y faire face sans perdre une partie de leur clientèle, ce qui diminuera leur chiffre d’affaires. Paradoxalement, un salaire minimum plus élevé conduirait donc à des mises à pied.

La FCEI exprime ces craintes chaque fois que le gouvernement augmente le salaire minimum, mais jusqu’à maintenant, elles ne se sont pas matérialisées. Plusieurs économistes croient que l’augmentation du salaire minimum n’a pas d’impact négatif sur l’emploi tant que ce salaire minimum ne dépasse pas 45 % ou 50 % du salaire moyen, ce qui est le cas actuellement.


L’augmentation du salaire minimum est néanmoins une mesure populaire, parce que c’est un des moyens par lesquels le gouvernement peut agir sur les inégalités de revenu. Bien que de façon moindre que dans le reste du Canada, l’inégalité des revenus augmente au Québec depuis 1990, ce qui se traduit par un surcroît du nombre de travailleurs à bas salaire.

Selon une étude récente de l’Institut de la statistique du Québec, ces bas salariés représentent environ 20 % de la population en emploi, soit le chiffre énorme de 735 000 travailleurs. Quelque 59 % de ces travailleurs sont des femmes, puisqu’elles sont plus nombreuses dans les industries de service mentionnées plus haut. De plus, 59 % des travailleurs à bas salaire ont terminé des études après le secondaire et, comme je l’explique dans une autre chronique, risquent fort de demeurer dans cette pauvreté à moins que leur situation change avant qu’ils atteignent la mi-trentaine.

Les jeunes qui obtiennent un diplôme aujourd’hui arrivent donc sur un marché du travail où un nombre disproportionné d’emplois paient mal. Faut-il se surprendre qu’ils peinent ensuite à payer leurs dettes d’études ou à acquérir leur indépendance économique? C’est surtout pour eux que le salaire minimum doit augmenter.

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