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Les sciences sociales contre Donald Trump

Le succès politique de Donald Trump montre bien ce qui se passe lorsqu’on néglige l’enseignement des sciences sociales.

Donald Trump sera vraisemblablement le candidat officiel du parti républicain aux prochaines élections présidentielles américaines.

Comment en est-on arrivé là? Au début, plusieurs analystes ne prenaient pas la candidature du caïd de l’immobilier très au sérieux. L’électorat, nous disaient-ils, reconnaîtrait bien assez vite son incompétence en matière de politique. M. Trump a en effet une tendance marquée à se mettre à dos des pans entiers de l’électorat. Son projet de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique lui vaut toujours la rancœur des Latino-Américains. De plus, une partie importante de l’électorat féminin s’oppose à lui depuis ses remarques plus que désobligeantes envers Megyn Kelly et Heidi Cruz. Ses nombreuses déclarations sont par ailleurs souvent teintées de racisme et de xénophobie.

Pourquoi, alors, tant d’Américains soutiennent-ils sa candidature? Une analyse récente d’un sondage par Matthew MacWilliams, de l’Université du Massachusetts, offre une réponse à cette question. Selon l’analyse, une variable permettait mieux que toutes les autres de prévoir le soutien à Trump des répondants: l’adhésion à l’autoritarisme.

Ceux qui endossent l’autoritarisme cherchent des solutions simples à leurs problèmes et se méfient des analyses trop complexes qui, selon eux, servent surtout à les exclure ou à noyer le poisson. Ils désirent d’abord et avant tout un leader fort, qui explique de façon limpide les causes de leurs problèmes et qui est en mesure d’implanter des solutions efficaces. C’est justement ce que Trump leur offre. Trop de chômage et de criminalité? Érigeons un mur pour forcer les Mexicains à rester chez eux! Des terroristes en sol américain? Arrêtons l’immigration des musulmans!

Des lecteurs m’ont souvent critiqué parce qu’ils croient que j’attaque les sciences sociales. J’ai souvent énoncé l’opinion que les diplômés des programmes de politique, de sociologie et de ces autres sciences ont souvent de grandes difficultés à trouver leur place sur le marché du travail. S’il y a là une vérité qui a d’ailleurs été soulignée par d’autres, il ne faut pas y voir une attaque. J’aimerais pouvoir dire qu’il n’en est pas ainsi, car là où les sciences sociales sont connues et enseignées, l’autoritarisme «à la Trump» n’est pas possible.

Les sciences sociales, en effet, nous apprennent que les problèmes auxquels nos sociétés font face ne sont jamais simples, et encore moins leurs solutions. Le chômage, la criminalité, la montée du terrorisme n’ont pas une cause évidente, unique et facile à identifier. Ils ont des causes diverses qui s’enchevêtrent et s’entremêlent, mais qui doivent pourtant être prises en compte. Les solutions, même imparfaites, demanderont donc toujours du temps et une grande réflexion. N’en déplaise au «Donald», on attend des politiciens qu’ils soient capables de cette réflexion.

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