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Toujours plus de diplômés à petit salaire

group of multiracial graduates holding diploma Photo: Métro

Même s’ils sont de plus en plus scolarisés, les jeunes sont 2,5 fois plus nombreux que leurs aînés à travailler à petit salaire.

C’est une des conclusions auxquelles parvient un rapport de recherche du Centre sur l’étude des niveaux de vie, rendu public la semaine dernière. Selon cette étude, les jeunes travaillent pour un salaire horaire de 12,68 $ ou moins. Rappelons que le salaire médian au Québec pour l’ensemble des travailleurs est d’environ 20 $ l’heure.

De plus, il semble bien que les études supérieures ne protègent plus les jeunes travailleurs des petits salaires. En 1997, 7,7 % des employés qui avaient une maîtrise ou un doctorat travaillaient à bas salaire, alors que c’était le cas de 12,4 % d’entre eux en 2014, soit une augmentation de 60 %. De même, durant cette période, le nombre de bacheliers travaillant à bas salaire a augmenté d’environ 20 %.

Cette étude montre également que les travailleurs moins scolarisés sont beaucoup plus nombreux à travailler à petit salaire, comme toujours. Néanmoins, selon Jasmin Thomas, l’auteur de l’étude, les fortes augmentations du nombre de diplômés universitaires parmi les petits salariés indiquent que le nombre d’emplois exigeant des études universitaires n’est plus suffisant pour accueillir tous les jeunes diplômés.

Cette recherche est donc une nouvelle preuve que le diplôme universitaire a perdu une bonne partie de sa valeur et qu’il a cessé d’être garant d’un emploi bien rémunéré. Rappelons qu’une analyse récente des postes vacants a permis de constater qu’environ un emploi sur trois ne requiert pas de formation particulière et est souvent rétribué au salaire minimum (voir ma chronique du 1er décembre 2015). Il n’est donc pas surprenant que jusqu’à 40 % des nouveaux  diplômés universitaires soient surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupent.

Depuis des décennies, nous encourageons les jeunes à poursuivre des études universitaires parce que nous sommes convaincus qu’ils doivent être aussi instruits que possible pour faire face aux exigences de l’économie d’aujourd’hui. D’ailleurs, il n’y a aucun doute que, dans bien des secteurs d’activité, les progrès technologiques ont eu pour effet d’accroître la demande pour des jeunes hautement qualifiés, particulièrement des diplômés en sciences appliquées.

Néanmoins, notre préjugé favorable exagéré à l’endroit des études universitaires a mené à une inadéquation profonde entre la formation du plus grand nombre de jeunes et les types d’emplois offerts sur le marché du travail. Comment expliquer autrement qu’un nombre grandissant d’entre eux soient rémunérés à petit salaire et occupent des emplois qui n’exigent pas d’études supérieures?

Un vieux sage a dit un jour que la folie consiste à continuer à agir de la même façon tout en espérant un résultat différent. N’est-ce pas fou de continuer à former toujours plus de jeunes dans les universités en espérant que la qualité de leur situation d’emploi s’améliorera éventuellement, ce qui ressemble beaucoup à ce que nous faisons maintenant?

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