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Au Katanga…

Province du Katanga
Province du Katanga Photo: Lephareonline.net

On me demande souvent pourquoi je m’intéresse tant à l’Afrique, alors qu’ici, au Québec, au Canada, il y a tant d’autres sujets de préoccupations… C’est vrai. Il y en a. Chaque jour, par exemple, les médias nous abreuvent du spectacle offert par la Commission Charbonneau, et durant lequel on s’aperçoit, sur fond d’argent du contribuable flambé, que les différents paliers du pouvoir sont gangrenés, et ce, depuis des années…

Ici, on parle de corruption, de magouilles, d’appels d’offres truqués, etc. Là-bas, on parle _entre autres_ de morts, de catastrophe humanitaire, de malnutrition, de guerre civile. Chacun sa sensibilité. Mon choix est fait, même si cela va à l’encontre de la loi de proximité journalistique qui veut que les informations les plus proches géographiquement des lecteurs soient les plus importantes.

Grâce au Journal Métro, ce blogue continuera, modestement, de parler d’Afrique, et de ce qui s’y déroule, par exemple au Katanga, cette province au Sud de la République démocratique du Congo (RDC), où une autre catastrophe humanitaire enfle.

Une province riche en gisements de diamant, de cuivre, de cobalt, de fer, d’uranium,… mais où la population locale, déplacée suite aux attaques des rebelles indépendantistes Mayi-Mayi, meurt de faim.

Depuis un an, les Mayi-Mayi, ou Maï-Maï Bakata Katanga, multiplient les exactions et font fuir la population selon le lieutenant-colonel Félix Prosper Basse, porte-parole militaire de la Mission des Nations Unies sur place (Monusco). La zone la plus touchée, aussi appelée « triangle de la mort », est celle située entre Manono, Mitwaba et Pweto, où plus de 600 maisons dans 11 villages ont été brûlées depuis octobre 2013 (Voir carte).

L’ONU vient de sonner l’alarme et compte actuellement 400 000 personnes déplacées dans la province, « une augmentation spectaculaire sur les deux dernières années ». Et le chef de la Monusco, Martin Kobler, s’est d’ailleurs déclaré le 29 janvier vivement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire.

Pour généraliser quelque peu, il faut comprendre ici que la RDC connaît une guerre civile depuis des décennies. Des groupes rebelles locaux, des milices guidées par les pays voisins, et l’armée gouvernementale, souvent impuissante, s’affrontent, notamment à l’est du pays, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.

Ces deux provinces ont été le théâtre de violations des droits de l’homme, de déplacement massif de population, et de crise humanitaire, qui ont poussé l’ONU, la MONUSCO et les ONG à s’installer sur place. Mais ces dernières se sont aperçues que les déplacés fuyaient aussi au Katanga, et que la population y était désemparée.

« C’est une catastrophe humanitaire. J’ai mauvaise conscience en pensant au Katanga car nous avons concentré nos activités militaires sur les Kivus, alors qu’il est important de ne pas négliger le Katanga », a déclaré le 29 janvier à la presse Martin Kobler.

Une ONG locale, Justicia, a même adressée une lettre ouverte le 30 janvier au président de la République, Joseph Kabila, et à Martin Kobler, pour exiger la présence de casques bleus au Katanga. Selon Timothée Mbuya, président de Justicia, « la province du Katanga à ce jour est en train de traverser l’une des périodes les plus noires de son histoire par le fait de la recrudescence de l’insécurité due à l’activisme des Maï-Maï et des Bakata Katanga qui, malheureusement, ne sont plus seulement dans le territoire de Kilwa, mais sont aussi signalés dans les environs de la ville de Lubumbashi ». Et M. Mbuya fait état de maisons incendiées, de villages désertés, de femmes violées et d’enfants enrôlés.

C’est  ce qui se passe, actuellement, au Katanga.

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